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Le vide s'était fait dans l'esprit de Matteo ; l'homme avait cédé sans faire des siennes, la place au démon. Dans son esprit vicieux, passaient en boucle des scènes les plus vicieuses les unes que les autres. Son imagination sadique ne chômait pas, et il adorait ça.

Avant de reprendre la route, il avait pris une douche et délaissé ses costumes prestigieux pour opter pour un style plutôt basique et simple, qui se fondait un peu dans le décor. Il avait porté un col roulé noir, entré dans son pantalon à pinces couleur chocolat, et une veste en cuir noire.

Le soleil accueillant de la Sicile l'éblouit lorsqu'il sortit la tête de sa Bentley Continental GT noire, aux jantes personnalisées marquées d'un "D", ce qui lui avait coûté plus que le prix normal. Mais ce n'était pas l'argent qui lui manquait quand il voulait ; il l'avait, peu importe le prix. Mais ce qu'il n'avait pas... Ses pensées se dirigèrent involontairement vers Malkia.

Les phares bleutés étaient éteints en cette fin d'après-midi, dont la couleur romantique du ciel, qui tirait entre le rose et le jaune, se reflétait sur la carrosserie brillante. Elle faisait tâche dans ce cadre macabre, mais il s'en foutait ; il ne l'avait pas achetée pour qu'elle décore son garage bondé.

Il laissa les clés sur le contact ; personne n'oserait la lui voler, aussi dingue soit-elle. Ses voitures, on n'y touchait pas.

L'homme n'attendit pas Lorenzo, qui l'avait supplié pour monter avec lui, comme s'il avait le temps de jouer au baby-sitter. Il détestait l'amener dans une de ses voitures personnelles, ce bouffon lui mettait toujours les nerfs à rude épreuve avec son comportement de gamin.

S'il n'essayait pas de poser ses chaussures aux semelles toujours sales sur son tableau de bord, il lui faisait un accapella meurtrier ou grignottait, laissant des miettes partout, un petit porc...

Matteo se mordilla la lèvre inférieure, manquant de se la couper, pour réprimer son envie de lui faire rejoindre son paternel, quand il entendit la portière de ce dernier claquer violemment.

— Oops, laissa échapper Lorenzo, désolé, mais qui tentait de retenir son rire.

Matteo serra les dents et préféra faire abstraction ; il ne voulait pas déverser sa rage sur son cousin. Il y avait une autre personne mieux placée pour cela.

Rejoint par Giorgio, qui avait garé la Range Rover près de sa voiture, et Joachim, ils remontèrent l'entrepôt surveillé par quatre gardes musclés, qui le saluèrent respectueusement avant d'incliner la tête à l'attention de ses compagnons.

À l'intérieur, ce qui différait de la dernière fois, c'était que le fond de la pièce était mouvementé par la présence de plusieurs hommes à la musculature dangereuse, divisés en petits groupes, qui coupaient, emballaient dans des petits sachets transparents du cannabis, et rangeaient dans des cartons qu'ils scellaient et empilaient, cigarettes entre les lèvres, verres et bouteilles d'eau-de-vie et bières près d'eux, en écoutant du rap aux paroles vulgaires et dégradantes.

Cependant, Matteo n'était pas là pour ça ; ce qui l'amenait dans cet endroit malfamé se trouvait sous ses pieds, et c'est pourquoi les jumeaux et Lorenzo étaient allés à la rencontre des autres hommes pour donner un coup de main et fumer un peu.

Ils n'avaient aucune envie de voir le monstre à l'action pour en faire des cauchemars toutes les nuits, parce que, quand Matteo laissait parler le diable, c'étaient les enfers ; il n'avait aucune limite, aucune pitié.

La dernière fois qu'ils avaient assisté à l'une de ses tortures, ils avaient été tourmentés un mois entier, trente jours pendant lesquels leurs cerveaux ressassaient la mort de Gaucho, une taupe qui fournissait des informations à la concurrence. Toute l'eau du monde n'aurait pas suffi à Lorenzo pour se laver si Joachim ne lui avait pas interdit de prendre des douches toutes les heures comme un malade.

Perfect AddictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant