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Giorgio sortit une cigarette de son paquet et la glissa entre ses lèvres. Puis, avec son briquet, il l'alluma.

— T'en veux ? proposa-t-il à Matteo, qui refusa d'un signe de la tête.

Il tira sur sa taffe et rejeta la fumée grise toxique dans le vide.

— Je te trouve particulièrement morose ce matin. Qu'est-ce qui se passe ? lui demanda Giorgio.

Matteo se gratta le front, le regard suspendu vers les montagnes qui s'élevaient devant eux. Il n'était pas d'humeur à parler aujourd'hui ; tout ce qu'il voulait actuellement, c'était le silence, être seul avec ces pensées obsessionnelles qui lui petrifiaient le cerveau depuis le matin.

Son matin avait été chaotique, entre sa tante qui voulait lui imposer ses décisions et sa femme qui s'octroyait tous les droits dans sa maison. Il était débordé émotionnellement. Jamais il n'avait vu une scène pareille ; il ne s'attendait pas à ça de la part de Malkia : brutaliser sa tante ! Elle était en colère, certes, mais ça ne les regardait que tous les deux, et puis il y avait des limites à tout, comme par exemple sa famille, plus encore Virginia.

Il se mettait déjà contre elle en refusant de divorcer ; il n'allait pas lui offrir des fleurs après son acte. Elle avait bien caché son jeu derrière son apparence de petite fille sans défense, alors qu'elle était pire que les autres, et lui n'en avait vu que du feu. Elle méritait un trophée.

Il se massa les paupières pour revenir à l'instant présent ; il repenserait à ce problème plus tard. Pour l'instant, il avait mieux à gérer ; il avait des ennemis à détruire, des ennemis qu'il se mettait sur le dos à cause d'elle.

— Tu ne veux pas en parler ?

— Il en est où, Joachim, avec le gamin ?

— Il gère. Je ne m'inquiète pas pour ça. Je suis plus préoccupé par ton état. Un problème avec Malkia ?

La poitrine de Matteo se gonfla sous son inspiration. Effectivement, il n'avait aucune envie de parler de ce qui s'était passé ce matin. Ses problèmes de couple, il préférait les garder pour lui ; c'était déjà assez embarrassant qu'il ait relié sa morosité à Malkia.

— Passe-moi une cigarette ; j'ai besoin de brûler mes poumons.

— Tu sais que tu peux tout me dire ; jamais je n'en parlerai.

— Rien de grave, juste cette mission qui me met sur les nerfs.

— À un autre Matteo, je te connais, et le fait que tu me mentes ainsi – ce que tu ne fais jamais, d'ailleurs – me rassure dans l'idée qu'il y a un truc avec Malkia.

— Y a rien, s'énerva-t-il en se levant brusquement du banc sur lequel ils étaient assis.

— Ne m'oblige pas à fouiner ; tu sais que je trouverais. Je trouve toujours.

— Tu me donnes cette taffe, ou je vais me branler ?

— Dézippe ton pantalon ; j'ai hâte de prendre mon pied, dit son cousin avec sarcasme.

— Tu me fais vraiment chier, Lombardie. T'as pas autre chose à faire que de jouer à mon conseiller matrimonial ?

— Non, j'ai tout mon temps.

Giorgio tira une nouvelle fois sur sa clope avant de sortir son paquet de cigarettes qu'il lui lança avec le briquet. Matteo le rattrapa au vol et s'en alluma une aussi. Le goût de la nicotine envahit son être, le pourrissant un peu plus de l'intérieur.

Il se pinça le bout du nez et renifla ; il faisait extrêmement froid aujourd'hui ; les températures avaient drastiquement chuté comme son moral.

— Alors ?

Perfect AddictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant