4. Attaque

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Seïri retint difficilement un hurlement au fond de sa gorge alors qu'elle s'étalait de tout son long sur le ponton, prise par surprise par le soudain sursaut du navire.

Elle ne comprenait pas ce qui passait.
Un son désagréable bourdonnait dans ses oreilles, l'empêchant de saisir correctement ce qui se déroulait autour d'elle.

Mais elle était sûre d'une chose alors qu'elle sentait les vibrations inquiétantes du bois sous ses mains nues ; ce qui se passait était tout sauf normal.

Tout sauf normal.

La brune eue du mal à se remettre debout, ses jambes tremblantes y jouant un grand rôle.
Ah bon sang... saleté de corps faiblard.

Il fallait qu'elle reste calme.
Ne pas céder à la panique. Sinon elle pourrait bien faire une croix sur sa propre vie.

C'est la respiration sifflante que l'apprentie cartographe réussit à se tenir plus ou moins droite, se retenant d'une main au mur du couloir.
Son cur battait si fort qu'elle n'arrivait plus à entendre que lui, une fine couche de sueur commençant à couler le long de son front.

Elle n'était pas habituée à ce genre de situation.
De toute sa vie elle n'avait presque jamais quitté les murs de Marineford et quand c'était le cas, elle se trouvait toujours dans l'un des quartiers les plus sécurisés de toutes les Sabaody. Elle n'avait jamais expérimenté ce genre de choses.

Elle n'avait jamais connu la guerre.
Seulement la paix et la sécurité.

Enfin son père lui racontait parfois les histoires réelles de pays dans lesquels il intervenait, des endroits à feu et à sang ou en proie aux violences des pirates.
Des lieux où contrairement à elle, les enfants n'avaient jamais connu la paix. Des enfants qui n'auraient jamais les mêmes valeurs qu'elle.

Son père disait toujours que...
Son père.

Et Seïri pris conscience de la situation.

Elle se rendit compte que c'était tout sauf le moment pour une petite leçon de vie personnelle.

Le navire était attaqué.
En pleines eaux gouvernementales.

Ils s'étaient pris un boulet de canon et certainement à un sale endroit si elle se fiait au son qui avait fait grincer toute la coque, la renversant elle au passage.

Ils étaient attaqués.
Maintenant.

" - Seïri si jamais tu te retrouve dans une situation où ta vie est en danger, tu ne dois avoir qu'un objectif...

- Quoi papa ?... Tu veux que je suive ton exemple et que je sauve les innocents ?... ahah...

- Ta vie est précieuse... alors sauve là. "

Elle devait vivre.
Voilà ce qu'elle devait faire maintenant.

La jeune femme repris le contrôle de son corps alors que cette réalité imprégnait son esprit, les moindres cellules de sa peau mises à vif par l'anxiété.
Dans un geste automatique, répété maintes et maintes fois sous le regard attentif de son père la préparant aux pires des situations, elle saisit son pistolet et en enleva la gâchette de sécurité, armant une première balle dans un clic distinctif.

La sensation du cuir sur sa paume la rassura immédiatement.
Cela lui était familier.

Et cela la calma le temps d'un instant. Un instant qui lui permit miraculeusement de reprendre entièrement le contrôle d'elle-même.

La fille d'Akainu lâcha le pan du mur, observant réellement la situation autour d'elle pour la première fois.

La moitié des civils étaient encore en état de choc, prostrés contre le bois du navire ou étendus béatement sur le plancher, regardant des choses qui n'existaient même pas.
Certains maintenaient fermement leurs mains sur leurs oreilles, espérant apparemment que cela les couperaient de la réalité et les ramèneraient en sécurité.

La mémoire de papierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant