La mémoire de papier

32. La routine

Cela faisait deux semaines que Seïri avait été transférée au département de cartographie du Mobydick, sous les ordres directs du si redoutable Marco le Phénix.

Enfin, elle ne le trouvait pas si terrifiant que cela elle.

Il n'était certes pas le plus grand des parleurs. Mais il restait un homme simple à vivre. Pas simple à comprendre, oh ça non.
C'est juste que tant que tu faisais bien ton travail, il était content. C'était du moins son point de vue en tant que l'une de ses subordonnées.

La brune poussa un long soupir en amenant à elle une nouvelle pile de cartes bien roulées sur elles-mêmes, repoussant par la même celles qu'elle venait de trier. Elle avait attachée sa crinière brune en une queue de cheval rapide, certaines de ses mèches tombant devant ses yeux comme pour se moquer d'elle.

Elle comprenait mieux pourquoi on lui avait confié ce boulot.
La raison était simple, personne n'avait certainement jamais voulu le faire. Car c'était long et fastidieux, et demandait un certain sens de la précision et de l'organisation.

C'était bien évidemment sans parler du temps qu'elle perdait à décrypter les pattes de mouches de certains des cartographes qui n'avaient décidément pas rendue la vie facile à leurs descendants. Mais elle avançait plutôt rapidement. Et surtout, c'était une expérience très enrichissante. Puisqu'elle n'avait pas encore eue l'occasion de créer sa propre œuvre, où du moins d'aussi loin qu'elle pouvait s'en souvenir ; repérer les erreurs de ses prédécesseurs lui faisait gagner un temps précieux sur ses propres travaux.

Si bien qu'elle avait créé une autre rubrique dans son précieux petit carnet, celle des choses à ne pas faire.
Que ce soit les angles les moins efficaces, les orientations foireuses, les signes qui n'avaient aucun sens où encore les techniques de traçages de lignes qui laissaient plus qu'à désirer. Elle avait patiemment enregistré l'ensemble de ce contenu dans son livret de cuir, côtoyant les données qu'elle avait obtenue à la sueur de son front sur le terrain ; les terres de Simplegard et Wano Kuni n'attendant plus que de s'exprimer sous sa plume dans la réalisation la plus parfaite de son art.

Mais la constitution de ses propres œuvres était loin d'être à l'ordre du jour.
Et pour deux raisons très simples. De un elle n'avait strictement aucun temps pour elle, et elle était persuadée que le commandant de la 1ère flotte y veillait particulièrement. Et deuxièmement... aucun matériel ne lui appartenait ici, par conséquent il lui faudrait demander l'autorisation du second de Barbe Blanche, et ça elle avait parfaitement conscience de ne pas être assez légitime pour se le permettre.

- Mais bon sang, c'est que tu as vraiment presque fini...

- ...hum ?... pas tout à fait, il me reste encore une petite dizaine de pile.

- Oui... sur les deux cents qu'il y avait à la base... je vais finir par croire que t'es aussi cinglée que le commandant Seïri.

Sa remarque la fit sourire.

Perez.
C'était celui qui s'était permis un commentaire de mise en garde lors de son arrivée dans la salle de cartographie. Et comme il l'avait annoncé lui, Malo et Den qui étaient les deux autres pirates travaillant ici l'avaient effectivement gardé à l'œil et au pas.

Mais leurs barrières avaient rapidement étaient brisés par le naturel agréable de la jeune femme, qui était plus que simple à vivre.
Ils avaient donc faits connaissance au fil des heures passés ensembles dans cette pièce fermée et remplie de savoir.

Perez était un homme d'une quarantaine d'années qui avant d'être pirate avait été un chercheur indépendant, partant dans le monde à la découverte de n'importe quel sujet qui pourrait le passionner.
Et puis il était tombé amoureux de la cartographie, apprenant par lui-même comme ses deux compères et leur commandant d'ailleurs.