La mémoire de papier

47. Une question de goût

C'est épuisée ce soir là que Seïri rejoignit son dortoir dans un bâillement de la meilleure des qualités, passant le pas de la porte dans un état proche de celui d'un zombie.

Encore une fois la journée avait été épuisante ; entre l'affrontement du matin même, sa visite à un Ace tout sauf réceptif mais qui récupérait toujours aussi vite et ses tâches de l'après-midi, un 1er commandant qu'elle avait trouvé étrangement de mauvaise humeur sur le dos.
Oui... cela était étonnant, déjà parce qu'elle avait eue la sale sensation que, et même s'il se contenait de toutes ses forces sa colère s'accentuait plus particulièrement quand il la regardait. Et puis il avait particulièrement fixé ses épaules et sa nuque, si bien qu'elle avait passé son temps à rougir tel le plus beau des coquelicots en rangeant ces saletés de casiers.

Autrement dit, elle n'avait rien compris à son comportement. Mais cela n'avait pas empêché le blond de rôder autour d'elle tout le reste de la journée.
Au final cela l'avait fait plus rire qu'autre chose, la jeune femme s'amusant de ses froncements de sourcils réguliers et des plissements que prenaient sa bouche quand il voyait quelque chose qui ne lui plaisait pas.
C'est à dire souvent.

La brune poussa un court soupir alors qu'elle saluait de la tête ses colocataires, apparemment chacune d'entre elles se couchant en même temps ce jour là.

Comme tous les autres commandants, le second du plus vieux des Yonko aurait logiquement dû être content du déroulement des évènements.
En effet il ne restait plus qu'un seul et unique affrontement avant d'atteindre la barre fatidique des cents combats. Celui qui mettrait fin à tout ce bordel sur le navire amiral de Shirohige.

Même si cette idée elle, angoissait la cartographe plus qu'autre chose. Car leur capitaine allait devoir faire un choix.
Et même si elle lui vouait une confiance aveugle, puisqu'il était après tout l'homme qu'elle avait décidé de suivre sur les mers elle espérait du plus profond d'elle-même qu'il trouverait son propre bonheur dans cette situation. Qu'il arriverait à sortir son épingle du jeu, à comprendre ses sentiments et finalement à se donner une chance comme chaque personne qui à ses côtés, souhaitaient lui en garantir une.

Enfin cela ne changeait rien au fait que la membre des Spades, se passant par réflexe la main dans la nuque ne se demandait pas si elle avait un problème à cet endroit. Connaissant son supérieur, il avait peut-être vu quelque chose qui méritait l'attention et par respect pour elle ne lui avait rien dit, pour ne pas la mettre mal à l'aise face à lui.

Oui c'était très commandant Marco.
Et alors qu'elle se tournait vers Hélène qui était en train d'enlever son maquillage, Seïri tentait de faire taire cette petite pensée intérieure qui lui chuchotait qu'elle espérait qu'il n'y ait aucune raison au regard fixe de son supérieur sur elle, si ce n'est un intérêt pour elle.

Oui... cela lui ferait indubitablement plaisir si c'était le cas. Mais on n'était pas dans un livre.

La jeune femme se mit donc une paire de claques mentales avant d'aborder son amie rousse, parce que pour la millième fois elle avait des choses plus importantes à penser. Comme le sort de l'équipage des Spades, et de ses amis.

- Hey Hélène...

- Oui, je peux t'aider ?...

- J'ai un truc de louche dans le dos ?

- Hum non... je ne vois rien, pourquoi ? T'es toujours aussi blanche mais ça c'est pas une surprise j'ai envie de te dire, vu le temps que tu passes enfermée en salle de cartographie.

- Eh bah... c'est juste qu'on m'a regardé insistement la nuque tout l'après-midi alors je me posais des questions...

- Ohlala... c'est qui le "on" ?!