La mémoire de papier

60. Une histoire de dette

Seïri était plus que concentrée sur sa tâche, ses yeux aussi gris que bleu parcourant avec une dextérité des plus étonnantes son uvre qui n'était désormais plus loin d'être complète.
La brune poussa un court soupir alors que d'un geste marqué par l'habitude d'années d'expérience qu'elle avait complètement oubliées, elle essuyait l'encre de sa plume sur le bout de tissu déjà couverts de multiples tâches noires et dont c'était l'unique fonction.

Ayant décidé de s'accorder quelques minutes de pause, elle déposa avec minutie son outil de travail principal et qui lui était si précieux dans son étui destiné.
Et puis elle brisa le silence environnant en faisant craquer avec expérience ses épaules et les muscles de son dos qui n'appréciaient apparemment pas d'être tant sollicités tout au long de la journée. Elle tentait de corriger sa position pourtant, surtout sous les conseils avisés de Mar... du commandant Marco enfin, qui lui avait fait réalisé à quel point elle se maltraitait elle-même.

Car non content d'être déjà un combattant expérimenté, un cartographe autodidacte quand même pas trop mauvais et le vice capitaine de l'un des plus puissants équipage du monde le célèbre phénix était aussi un docteur.
Et un bon docteur.

Alors oui elle avait encore du mal à se situer avec lui, à savoir comment l'appeler quand ils étaient en présence des autres ; n'ayant malheureusement pas encore eu la chance de le voir en face à face depuis la fête d'il y a deux jours de cela, mais elle savait très bien qu'il avait une place importante dans son cur.
Même si elle ignorait la manière qu'il avait utilisée pour la prendre.

À cette idée la jeune femme fit craquer ses doigts dans un son qui lui déplaisait mais qui avait au moins le mérite de la faire penser à autre chose que tout... que tout ça...

Le problème était très simple. Portée par l'alcool elle s'était sentie pousser des ailes mais maintenant qu'elle était à tête reposée depuis deux petits jours elle n'arrivait plus à reprendre confiance.
Ce n'est pas qu'elle n'assumait pas ce qui s'était passé, pas du tout.

Elle avait aimé et elle ne le regretterait pour rien au monde. Mais entre faire, comprendre et assumer ses actes et ses pensées... il y avait parfois de bien grandes barrières. Barrières qu'elle ne faisait que découvrir les unes après les autres.

Seïri laissa ses iris claires se perdre dans les chatoiements de l'unique lampe à huile qui l'éclairait dans cette obscurité profonde régnant dans la salle de cartographie du Mobydick.
C'était une petite technologie pas si récente que cela, bien qu'amusante.

L'odeur n'était pas folle oui, mais les éclats jaunes et orangés qui jouaient avec le teint de sa carte de Wano Kuni bientôt finie n'avaient pas de prix.
Elle s'amusa pendant quelques instants à souligner les ombres que son unique source de lumière dessinait sur les traits d'encre déjà tracées avec soin par sa propre personne sur le papier. L'île d'Onigashima ressemblait à un vrai démon, les grandes plaines détruites du centre du pays à des contrées enchantées dans lesquelles un rien pouvait arriver... et le village de la petite Tama et de leurs amis à un bout de paradis.

Une douche chaleur l'envahit alors qu'elle se replaçait correctement face à son travail, un mince sourire couvrant ses lèvres.
C'était vraiment incroyable de se dire que le simple effet d'un petit bout de métal sur un paquet de fibres pouvait créer tant de choses... sans parler des multiples connaissances que ce papier contenait.

Ses mains dansèrent d'elle même au dessus de son uvre, voulant de toute évidence s'inviter à la danse chatoyante qui se jouait devant elle.
Il n'y avait pas à dire... il n'y avait rien de mieux que la cartographie. Son art était le meilleur et elle n'avait qu'une seule hâte, celle de pouvoir créer encore et encore des représentations de ce monde dont elle...