La mémoire de papier

53. La dissolution des Spades

La nuit venait à peine de tomber, le soleil baignant de ses derniers rayons fatigués les clapotis de l'océan et cette eau salée qui les emmenaient ils ne savaient où, caressant aussi la coque des navires qui se laissaient guider par l'aventure.
Seïri prit une courte inspiration, laissant le vent tiède de cette fin de journée jouer avec ses mèches brunes alors que l'entièreté de ses sens, son esprit comprit ne regardaient plus qu'une chose.

Son capitaine.
Portgas.D.Ace.

Ce matin même aux alentours des midi et devant une sacrée foule il avait perdu pour la centième fois contre le plus vieux des Empereurs, la légende vivante nommée Barbe Blanche.
Et le défi fou qu'il s'était lancé avait par la-même prit fin, entrainant des soupirs de soulagement chez la majorité des commandants que les conséquences des péripéties de leur petit nouveau entrainait de nombreuses responsabilités supplémentaires.

Comme les réparations un peu trop répétitives de la coque du Mobydick conduisant à l'apparition de quelques cheveux blancs supplémentaires sur la tête de Marco le Phénix, le si célèbre homme au surnom d'ananas.
Mais tout cela était désormais fini. Car alors que la cartographe parcourait le visage couvert de tâches de rousseurs et orné de son habituel chapeau orange de son capitaine elle ne pouvait lire que sa détermination. Celle de sa décision.

Une expression qu'elle ne lui avait presque jamais vu depuis qu'elle le connaissait.
Car jusqu'alors il n'avait fait qu'être perdu dans sa vie, parcourant les mers avec ses compagnons à la recherche de ce qui pourrait le rendre heureux et justifier à ses yeux la raison de son existence. Et il semblait désormais l'avoir enfin trouvée.

Aux côtés de cet homme exceptionnel qu'était Edward Newgate, ce pirate qui avait les épaules et la puissance nécessaire pour contenir le feu incessant brûlant dans le jeune rookie.
Elle savait que le rival de Roger l'avait remué au plus profond de son âme, même si la brune ignorait encore et toujours toute l'histoire de celui qu'elle considérait comme son frère ; ce poids qu'il portait sur ses épaules dans le plus grand des silences. Comme s'il avait toujours été muré dans ce dernier, que sa parole et sa fougue n'avaient jamais pu être libérés.

Mais désormais cela allait changer, elle le sentait.
Et cette simple pensée la rendait incroyablement heureuse.

Car alors que l'astre lumineux tombait finalement derrière l'étendue infinie d'eau salée qu'ils parcouraient jour après jour elle réalisait complètement la situation. Tous les membres des Spades étaient réunis sur leur bon vieux "Piece of Spadille" toujours debout comme par un miracle, récupéré depuis belle lurette par les hommes de Shirohige qui l'avaient de toute évidence gardés avec eux en état, sous une supervision particulière au vu de leur statut "d'invités".
Même si d'après les dires des charpentiers de l'équipage de l'empereur leur fidèle navire ne pourrait plus naviguer. Si leur capitaine prenait la décision de reprendre les mers sous son propre emblème, alors il leur faudrait un autre bâteau.

Ace avait effectivement encore le choix.
Le brun parcourait de son regard sombre ses nakamas qu'il avait recruté au cours de son chemin, des reclus de la société comme sa propre personne... ceux qui étaient ses amis et avaient jurés de le suivre encore et toujours.

Il avait eu une courte discussion avec le commandant de la 1ère flotte de Barbe Blanche, et il ne savait même plus quand... c'était dire à quel point son esprit était occupé par ses propres réflexions. Car personne n'avait dit que prendre des réflexions était une chose aisée.

Ainsi Marco le Phénix lui avait déclaré de ce ton éternellement flegmatique et si aisé qu'il serait temps de prendre une décision, d'un air des plus amicaux cependant.
Et vraiment, il n'avait ressenti aucune animosité venant de ce pirate blond qui il le savait, était le supérieur de Seïri et de Deuce. Et ce qu'il savait aussi s'était qu'il avait entendu un paquet de rumeurs sur celle qui le considérait comme son petit frère, et il rosit à cette pensée se sentant réellement honoré d'une telle pensée venant de l'amnésique ; et ce blond à la prime de plus d'un milliard de berries. Et ce que cet ananas lui avait dit, superbe surnom au passage, était très simple.