La mémoire de papier

40. Kimono

Seïri, Hélène et Charlie passèrent le pas de la porte de la boutique dans le son distinctif d'une clochette d'accueil, l'odeur agréable de thé et de tissu propre venant flatter leurs narines.

La première impression qu'eut la jeune femme fut de se dire que l'intérieur du lieu était bien digne de son apparence extérieur, les différents types de kimonos exposés et rangés par formes, couleurs et tailles dans des étagères au bois sombre ; qu'elle trouvait d'une beauté étrange et fascinante.
Elle s'avança de quelques pas supplémentaires, les deux infirmières chuchotant elle ne savait quoi dans son dos alors qu'elle avalait la pièce des yeux, repérant en un clin d'il la partie féminine du magasin vers laquelle elle se dirigea sans se poser de question ; saluant d'un rapide coup de tête une vendeuse qui venait de lui faire un signe de bienvenue.

Alors qu'elle s'approchait à toute vitesse de la section qu'elle avait repéré, son cur battant la chamade dans ses côtes elle ne put que constater que malgré l'arrivée du navire amiral de l'empereur Barbe Blanche, la boutique n'était pas si remplie que cela.
Quoique cela pouvait s'expliquer simplement... le nombre de pirates s'habillant de kimonos était plus que limité, elle l'avait bien noté ; et la majorité d'entre eux devaient être de toute façon entre les jambes d'elle ne savait qu'elles dames.

Et encore une fois c'était très loin d'être son problème.
Même... cela l'arrangeait si les deux commandants et leur défi ridicule pouvaient se calmer lors de leur étape, car elle commençait légèrement à arriver à bout de force, ayant de plus en plus de mal à rester stoïque face à leurs allusions et clins d'ils complètement ringards.

Mais elle n'était pas prête de baisser les bras, ah ça non...

- Tiens ce ne serait pas Seïri que je vois là ?

La brune s'arrêta immédiatement, se retournant sans attendre une seconde vers la voix masculine et d'une douceur des plus fleuries qui venait de prononcer son prénom. Et ses prunelles bleues se fondèrent dans celles d'un noir profond de son interlocuteur, ce dernier sortant des rangs de vêtements pour hommes ; au moins deux kimonos sous le bras alors qu'il était suivi par une vendeuse de toute évidence aux petits soins pour lui, une lueur intéressée et admiratrice dans le regard.

Ah.
Elle le reconnaissait.

Des cheveux de jais attachés à la mode asiatique d'une manière des plus délicates, certaines mèches retombant avec douceur sur ses épaules musclées avec un visage aux traits fins décoré d'un maquillage précis qui le mettait en valeur, un rouge à lèvres des plus flamboyants complétant le ravissant tableau.
C'était sans parler de ses éternels kimonos qui ne semblaient jamais le quitter et qui lui allaient à vrai dire comme un gant, un pistolet de grande qualité éternellement accroché à sa hanche.

En un mot il s'agissait de l'homme qui était intervenu lors de sa joute verbale avec le commandant Marco il y a quelques jours de cela. Si elle se rappelait bien il était commandant de flotte lui aussi et s'était même invité dans la salle de cartographie aux côtés de Thatch lorsque son supérieur était venu régler les derniers détails avec elle.

Quant à son nom il lui semblait que...

- Commandant Izou !

Voilà c'était ça.
Le commandant de la 16ème flotte de Barbe Blanche, Izou.

Ce dernier salua d'ailleurs d'un sourire des plus avenants les deux femmes qui venaient d'arriver derrière la brune, ses mèches de cheveux sombres s'agitant sur ses épaules de la plus ordonnée des manières.
Mais son regard par contre ne l'avait pas quitté, ne serait-ce que pour un seul instant. Ses prunelles noires étaient parcourus de sentiments et de pensées qu'elle était bien incapable de déchiffrer.