La mémoire de papier

52. Le centième combat

Seïri prit une profonde inspiration en laissant l'air un peu trop chaud et humide de l'île de Peak Ode, un lieu aussi désertique et sec que le Sahara en personne et qui appartenait à l'immense territoire de Barbe Blanche remplir ses poumons.
Il n'y avait réellement rien de plus que des rochers esseulés et solitaires en cet endroit, la brune ne pouvant empêcher son regard de voguer vers leurs sommets arides qui s'offraient au ciel bleu et infini de ce début d'après-midi ; les rayons du soleil dardant leurs rayons sur sa peau qui perdait de plus en plus sa pâleur fantomatique.

Finalement elle allait peut-être arrêter de ressembler à une mort vivante au bout d'un moment. Même si ses cernes qui ne cessaient pas de vouloir s'agrandir n'arrangeaient pas la sauce.

Enfin... quant à cela elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même et ses pulsions travailleuses.
Ce n'était pas sa faute, elle avait une carte à finir tout de même ! Et ensuite une autre à commencer... maintenant qu'elle prenait le temps d'y penser, ce cycle lui paraissait sans fin.

Un coup de vent rempli de sel vint sortir la jeune cartographe de ses pensées, jouant avec ses mèches brunes et agressant tendrement les bouts de sa peau ouverts au monde, agitant au passage le tissu de sa chemise.
Hors de question de prendre le risque de sortir l'un de ses deux kimonos en ce grand jour.

Car oui, tout s'était passé comme prévu. Ils avaient amarrés sur cette île dépourvue de tout pour une unique raison.
Le tant attendu centième combat entre l'un des quatre Yonkos des mers, Barbe Blanche et le capitaine de l'équipage pirate des Spades, l'utilisateur du Mera Mera no Mi nommé Portgas.D.Ace allait enfin avoir lieu.

Voilà aussi pourquoi il y avait tant de monde réunis sur ce petit bout de territoire perdu dans les étendues d'eau salée du Shin Sekai.
Car en plus d'une bonne partie de l'équipage de l'empereur, quelques équipages alliés s'étaient aussi déplacés, apparemment suffisamment proches de leur localisation pour pouvoir se le permettre. Parce que mine de rien, avec sa prime de plus de 100 millions de berries et son refus de rejoindre l'ordre des sept grands corsaires, Ace avait toujours eu une sacré réputation.

Et en parlant de cette institution contrôlée par le Gouvernement Mondial, Seïri laissa ses prunelles claires dérivées sur l'immense homme poisson qui, a seulement quelques mètres d'elle semblait être pris dans une conversation avec le commandant de la 4ème flotte, Thatch.
Un frisson parcourut la jeune femme alors qu'elle se rapprochait du reste des Spades qui étaient pour une fois entièrement réunis, prêts à observer de leurs propres yeux les progrès de leur seul et unique capitaine.

Car la cartographe se souvenait encore du combat des plus remarquable que le chef des pirates du Soleil et leur ami enflammé, enfin plutôt celui qu'elle considérait comme son petit frère ; dire qu'elle pouvait enfin le dire à voix haute maintenant que le brun était au courant la rendait toute chose, avaient livrés durant près de cinq jours.

Cinq jours.
Une période de temps durant laquelle la jeune femme avait presque jeunée comme l'entièreté de ses camarades, à fixer complètement épatée les deux hommes s'effondrer d'eux mêmes suite à la destruction presque totale d'une des îles de ravitaillement de Shirohige. Et puis bien sûr suite à cela ils s'étaient fait capturer par ces pirates bien plus expérimentés qu'eux et travaillaient depuis à bord du Mobydick, le navire amiral d'Edward Newgate pour payer leurs dettes.

Seïri poussa un court soupir alors que, par réflexe elle se mettait à gratter sa peau nue et exposée que l'air salé avait titillé de son énergie taquine.
Tout cela lui paraissait à la fois si proche et lointain. Il s'était passé tellement de choses entre temps.
Et pourtant cela ne faisait que trois mois... trois petits mois au cours desquels ils avaient changés.