67. Une fille facile

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Seïri était actuellement perdue. Perdue dans les couloirs labyrinthiques du Mobydick.

La jeune femme poussa un long soupir alors qu'elle marchait d'un pas qu'elle voulait le plus convainquant possible, pour se consolider dans l'impression que non, elle n'avait pas perdue le contrôle total de la situation.
Elle imaginait sans mal le spectacle qu'elle devait actuellement donner, agitant sa petite tête brune dans tous les sens pour essayer de différencier les couloirs les uns des autres.

Initiative qui n'était de toute évidence vouée qu'à l'échec.

Elle se maudit intérieurement pour avoir accepté plus tôt dans la journée la demande de Marco qui était d'amener une pile de fichiers classés dans une partie du navire qu'elle ne connaissait pas encore.
Pour y aller elle n'avait pas eu de soucis, suivant les indications que le blond lui avait donné à la lettre. Et elle avait effectué sa mission avec succès.

Mais le retour lui était une toute autre paire de manches.
Aussi... pourquoi s'était elle dit que couper pour rejoindre le pont supérieur était l'idée du siècle ?! Car de toute évidence un bâteau pirate ne marchait pas comme cela... tout était tortueux et trop compliqué.

Pourtant elle n'était pas le couteau le moins aiguisé du tiroir, ses compétences en terme de cartographie suffisemment reconnues pour le prouver à quiconque oserait penser le contraire.
Seulement voilà, cela ne semblait pas s'appliquer à l'orientation.

C'est donc dans un énième soupir que la brune se décida à laisser ses pas la guider, priant pour enfin rencontrer quelqu'un qui pourrait l'aiguiller dans ses couloirs déserts ; préférant de son coté partir dans ses petites pensées personnelles.

Cela faisait en effet trois jours qu'elle et le commandant de la 1ère flotte avaient couchés ensembles, pour ne pas dire le terme salace de "baiser" dont raffolaient tant les pirates.
Et même si le souvenir de leurs ébats était encore vivace dans son esprit, enfin surtout les marque que cela avait laissé sur son corps en passant des suçons aux courbatures de vieille qu'elle avait dans les reins ; il ne s'était rien passé de plus.

Déjà ils étaient toujours sur l'île d'Estellar et si Marco avait légèrement oublié ses obligations de commandant pendant près de 24h, du début de leur date au moment où les deux pirates avaient pénétrés dans le réfectoire à moitié vide du Mobydick aux alentours de midi le lendemain ; cela ne voulait pas dire qu'il n'en avait pas.
Seïri se sentit devenir couleur tomate alors qu'elle repensait d'ailleurs à ce grand moment, Thatch manquant s'étouffer avec sa propre salive quand il les avaient vu entrer côte à côte dans la salle à manger, la jeune femme portant des vêtements masculins qui lui étaient bien trop familiers.

Il n'avait pas fallut faire un dessin à qui que ce soit pour que tout le monde comprenne en un instant ce qu'il s'était passé entre eux, et s'ils avaient des doutes ils n'avaient qu'à observer pendant plus de cinq secondes le cou de la cartographe.
Enfin, ceux qui étaient là du moins.

Or s'il y avait une chose qu'elle avait retenue sur les mers c'était bien que les pirates étaient de vrais commère.
Cela ne l'étonnait donc pas le moins du monde que ce soit actuellement l'entièreté de l'équipage de Barbe Blanche qui soient au courant que l'ancienne membre des Spades et Marco le Phénix, leur si grand commandant de la 1ère flotte avaient couchés ensembles.

Honnêtement ça ne dérangeait pas la brune, elle n'avait après tout jamais eu l'intention de la cacher. Même, les tapes fraternelles pleines de fierté que Thatch avaient attribués dans le dos du blond l'avait plutôt amusé, l'homme à la coupe pompadour le félicitant d'avoir enfin conquis la jolie plante pour qui il avait tant ramé.

Elle avait découvert par la même que le commandant de la 4ème flotte s'était improvisé Cupidon dans toute cette histoire, ce qu'elle trouvait bien ridicule quand on savait toutes les rumeurs désastreuses qui couraient sur lui et son historique de conquêtes.

La mémoire de papierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant