61. Rouge tomate

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- Et donc là vous savez ce que j'en ai fait de ce connard ?!

- Vas-y Banshee on t'écoute, pas comme si on la connaissait déjà par cœur cette histoire...

- Et bah...

- Oh Ace t'endort pas quand la matrone nous raconte un truc !

- Lui il va se prendre une louche dans la tronche hein !

- Ça m'étonnerait sincèrement que le commandant Thatch te l'autorise...

Et ils explosèrent tous de rires alors que dans sa grande frustration Banshee secouait de toutes ses forces leur ancien capitaine effondré dans son assiette de viande du petit matin, la fourchette encore remplie de sauce levée tout droit comme à son habitude.
Une de ses habituelles crises de narcolepsie on va dire. Ce qui était en soit plutôt un bon signe quand l'on savait que le jeune homme ne les avaient que quand il était suffisemment détendu et à l'aise dans un environnement.

En un mot, il s'intégrait vraiment bien à son nouvel équipage depuis maintenant quelques jours.
Ce qui n'empêchait pas ses anciens camarades de rester encore et toujours à ses côtés, et de l'observer faire ses conneries classiques avec délectation.

Enfin il y avait bien une exception à cette règle.
Et elle se trouvait en une seule personne.

Dans une nana qui ne paraissait pas plus haute que trois pommes face aux gabarits de géants que constituaient le redoutable équipage de Barbe Blanche.
Une fille aux longs cheveux bruns lâchés d'une manière désordonnée dans son dos ce matin là, un teint encore plus pâle que la normale couvrant son visage alors qu'au fond de ses prunelles claires on pouvait lire tout sauf de l'attention.

Il s'agissait bel et bien de Seïri.
Et elle ne savait pas comment l'expliquer mais elle était plongée dans un profond mutisme depuis minuit la veille même.
Ou tôt ce matin là... elle ne savait plus. Elle ne savait rien.

Enfin si, elle était persuadée d'un truc.
De la sensation des lèvres de cet homme contre les siennes. De lui.

Lui et ses yeux aussi azurés que le ciel lui-même.
Lui et sa manière d'agir si assurée qu'elle était comparable à celle d'un félin... enfin plutôt comme un phénix.

Ce qu'il était après tout.
Marco.

Qu'elle était désormais bien incapable d'appeler commandant. Il allait vraiment falloir qu'elle surveille sa langue quand ils seraient ensembles en public... comme quoi le cadre privé avait des avantages.

Elle rougit violemment à cette pensée, se saisissant de sa tasse de thé d'une main un peut trop vive alors qu'elle fixait d'un regard couvert de brume les conversations de ses tout premiers amis en train de débattre sur les différents techniques d'atterrissage d'Ace dans ses assiettes.
D'habitude elle aurait participé avec joie à la conversation. Mais là elle avait d'autres chats à fouetter. Dont la proposition complètement incompréhensible du médecin en chef du Mobydick qu'elle avait acceptée sans se poser une seule question au préalable.

Tout ça à cause de ce baiser
Un vrai salaud quand il s'y mettait. Ce qui ne changeait en soit rien aux faits. Qui la rendaient aussi heureuse qu'indécise.

Un rendez-vous sur la prochaine île.
Seulement tous les deux. Il avait tellement insisté sur ce point que cela lui faisait presque peur.

Et encore elle ne parlait pas de l'utilisation complètement traitresse de sa "dette" pour la forcer dans ses combines.
C'était si inhabituel du blond qu'elle connaissait... alors qu'en plus cette histoire lui était complètement sortie de la tête avec le temps. Donc oui cela avait été une surprise à toutes les échelles, même si le blond était en soit dans son juste droit.

La mémoire de papierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant