La mémoire de papier

26. Le commandant de la 4ème flotte

Seïri ne comprenait pas.

Et Deuce non plus.
Wallace lui réfléchissait un peu moins et n'avait pas posé de questions. Mais pour deux des membres des célèbres cerveaux des Spades, la situation avait de moins en moins de sens.

Car non seulement on les gardaient libres de tout geste, alors qu'ils étaient d'un équipage ennemi vaincu, mais surtout... oui surtout... on les nourrissaient.
Et sur les mers, cela voulait dire beaucoup de choses.

Sur ces flots ou la moindre des denrées étaient précieuses, on ne pouvait se permettre d'en gaspiller une miette.
Et pourtant on les avaient presque tirés par la peau du cou pour les alimenter.

Lorsqu'ils étaient encore sur le pont, la pauvre brune se disant qu'elle était vraiment devenue aussi faible qu'une anguille malformée ; un homme leur avait sauté dessus en les voyant paumés comme des chiots sans leur maman.
Un homme à l'étrange coiffure pompadour et à la barbichette au menton, des cheveux d'un roux doux comme le plus pur des levers de soleil comme base de travail ; vêtu d'un costume de cuisinier plus que reconnaissable.

Il s'était présenté avec un mince sourire, Thatch le commandant de la 4ème flotte de Barbe Blanche et cuistot en chef ; sa vie de piraterie distinguable par ses muscles plus que sculptés et sa cicatrice près de l'œil droit.
Selon ses propres mots, sortis de ses lèvres qui semblaient toujours afficher un sourire malicieux, il était celui responsable de leur gamin de capitaine qui avait le feu au cul et de ses nakamas.

C'est à dire eux.
Même si oui effectivement ils les avaient séparés, parce que voilà... ils n'étaient pas complètement cinglés et qu'en plus ça rendrait leur intégration plus simple.

Quel homme étrange.
Car ils n'avaient pas pu placer un mot.

Or, il y aurait eu beaucoup de choses à dire.
Déjà, la manière dont il parlait d'Ace. Ensuite, quelle intégration ?... Ils n'étaient quand même pas au camp scout si ?...

En voyant leur ébahissement l'homme avait explosé de rire, ses prunelles sombres aussi chaleureuses que le plus délicieux des chocolats chauds tournant dans leurs orbites d'une manière un peu trop naturelle.

Ok.
Ce gars avait le rire facile. Et il avait le profil parfait d'un bon vivant

Mais c'était un ennemi.
Voilà ce dont avait cherché à se persuader Seïri en faisant face à ce trop plein de bonhommie. Ils n'étaient pas là pour faire joujou bordel.
Où pour devenir soudainement les meilleurs amis du monde. Ce n'est pas comme cela que les choses étaient censés marcher... non ce n'était pas comme...

- Bon vous venez manger, c'est l'heure du service les nouveaux. Et faut que vous repreniez un peu de gras sur l'os si je puis me le permettre...

- Pardon ?...

- Oh ça te surprends... Masked Deuce c'est ça ? Fais pas cette tête va, on va pas vous garder à bord et vous faire trimer le ventre vide... avoir de l'énergie c'est important !

Et il était partit en sifflotant comme un enfant de quatre ans, s'assurant que les trois Spades le suivaient bien entre ses camarades qui l'alpaguaient de tous les côtés pour lui souhaiter le bonjour.

Bon sang.
Une mère avec ses chatons.

C'était presque humiliant de se faire traiter comme des enfants de cette manière... mais la jeune femme avait tenté de faire taire la petite voix lui chuchotant qu'il y avait un fond de vérité derrière ces paroles et actions.
Sur les mers, ils étaient tel des gamins face à ces marins bien plus expérimentés qu'eux, qui avaient vus elle ne sait combien d'îles et vaincus un nombre indécents adversaires, à commencer par l'équipage du "Piece of Spadille" lui-même.