La mémoire de papier

51. Ce que je voulais te dire

Seïri avait sérieusement l'impression de courir partout depuis quelques heures, passant d'une salle à l'autre au pas de course, au point où son souffle déjà pas très endurant était en train d'arriver au bout de ses forces.

Enfin... au vu de son état et des têtes des pirates qu'elle avait croisé un nombre incalculable de fois ce n'était pas qu'une impression.
Elle galopait dans tous les sens depuis la fin du diner. Voilà pourquoi la brune s'affala telle le plus fatigué des mollusques à la rambarde du Mobydick, sur l'un des nombreux ponts secondaires que comptaient ce navire.

Ah sérieusement... pour la énième fois les activités physiques n'étaient définitivement pas faites pour elle.
La cartographe n'entendait plus que sa propre respiration hachée, son sang lui battant les tempes à un rythme des plus effrénés en accompagnant le moindre de ses geste. Une goutte de sueur coula le long de sa colonne vertébrale, suivant le chemin déjà tout tracé par une multitude de ses semblables... peut-être était ce pour cela qu'elle était tant en nage, une moiteur plus que désagréable prenant possession de son métabolisme.

Elle n'aurait pas dût mettre son kimono ce jour là, car le tissu qui le constituait était bien trop épais pour ce genre d'activités... et elle en payait actuellement le prix fort.
Quoique cela valait le coup. Car elle était tout simplement à la recherche de l'homme du jour, le grand Portgas.D.Ace qui était accessoirement son capitaine.
Et elle se devait absolument de lui parler avant la journée fatidique de demain... ce fameux 100ème combat que tous attendaient comme Noël à la fin de l'année.

Seïri poussa ainsi un long soupir, le nuage de sa respiration expirée s'envolant lentement dans le ciel aussi noire que les plus profondes des abysses, un millier d'étoiles scintillant dans la voie lactée tout juste endormie de ce monde aux cinq mers.
La brune renversa la tête en arrière pour un court instant, savourant la sensation du vent sur sa peau légèrement humide, ce dernier devenant de plus en plus frais maintenant que la nuit était tombée... de délicieux frissons de bien-être la parcourant par la même.

Et puis elle ouvrit les yeux.
Ouah.

Il n'y avait pas à dire, voguer sur les mers c'était le pied.
Et ce même si d'aussi loin qu'elle pouvait s'en souvenir, elle n'avait jamais rien connu d'autre. Car la vue qui s'étendait devant ses prunelles aussi claires que le ciel illuminé par le plus nouveau des petits jours avait de quoi rendre fou le plus sain des hommes.

Comme ce qu'elle avait observé sur l'île des hommes poissons, leur fidèle Piece of Spadille voguant dans l'eau même et accompagné par des bancs de poissons plus variés les uns que les autres.
Oui... c'était de la même échelle.

Car devant elle, le ciel se révélait dans sa beauté la plus privée et la plus parfaite.
Réunis en galaxie et formations plus variés les unes que les autres, les étoiles aussi blanches que les dents d'un nouveau né scintillaient dans leur forme la plus innocente, comme si elles voulaient lui faire passer un message à elle, et elle seule.

Et puis témoignant du climat des plus particuliers qui sévissait dans le Nouveau Monde, cette mer la plus dangereuse du monde et la deuxième partie du Shin Sekai ; c'est complètement ébahi que la jeune femme fut témoin de la danse discrète d'aurores boréales. Ces dernières parcouraient la voie lactée de toute leur grandeur, aussi nombreuse que les diamants d'admiration qui brillaient dans les pupilles claires de la membre des Spades ; portant toutes les teintes du monde et passant du vert prairie au plus azuré des bleus, lui faisant indéniablement penser aux yeux de son supérieur dont elle pouvait encore sentir la marque de la main sur son épaule. Et c'était sans parler de l'étreinte qu'ils avaient partagés.

À cette simple idée Seïri prit une délicieuse teinte rouge, remerciant intérieurement la noirceur de ce début de soirée de la cacher dans sa pénombre.
Elle n'avait pas particulièrement envie que qui que ce soit la trouve ici, sur ce pont désert à changer de couleur à la pensée du commandant de la 1ère flotte.