La mémoire de papier

20. Wano Kuni

Seïri avait connu plus confortable comme position.
Et comme situation aussi.

Ses souvenirs étaient un peu flous. Elle avait déjà suffisamment de mal à distinguer passé et présent comme ça...

La jeune femme recracha dans un violent soubresaut de l'eau de mer restée un peu trop longtemps dans son organisme.

Bordel.
Ça brulait.

Son gosier était en feu, sans parler de ses poumons qui lui faisaient un mal de chien.
C'était comme si des milliers de petites épines brûlantes s'étaient figées dans sa peau, la tiraillant de toutes parts.

Elle n'arrivait pas à se situer.
Sa tête tournait, ses pupilles ne voulaient pas s'ouvrir. Elle se remit à tousser brusquement, un désagréable goût de sel s'insinuant dans sa bouche et allant jusqu'à ses narines.
Dans un réflexe un peu ridicule la brune tenta d'humidifier ses lèvres aussi sèches que la peau de la vieille vendeuse de la première île... mais sa langue était si pâteuse qu'elle resta bloquée sur son palet.

Oh bordel.
Elle avait bu la tasse ?

Car actuellement le seul signal que son corps lui renvoyait était l'idée que oui, elle venait belle et bien de faire un sacré plongeon dans la mer.

Cette pensée lui arracha un frisson.
C'était définitif, elle n'aimait pas les baignades dans l'océan.
Après tout elle avait déjà failli perdre une fois la vie dans ces abysses sombres qui jouaient sans cesse une danse éternelle, les courants emmenant les rêves et aspirations de tous ceux qui avaient coulés l'on ne savait où.

Satanée flotte.

Elle tenta un mouvement, son contrôle sur son corps revenant petit à petit alors que son cerveau se réveillait lui aussi de sa petite hibernation forcée.

Bon sang.
Les aiguilles avaient mêmes atteint son système cognitif, lui donnant la sensation qu'un troupeau d'éléphants lui était passé dessus en jouant une chanson guerrière avec leurs trompes.

Et puis le monde extérieur s'imposa lentement à elle.

Un vent frais courait sur sa peau piquante et sale, couverte de sel jusqu'au bout des ongles.
Le son de voix lointaines vint chanter à ses oreilles, ses longs cheveux bruns lui collant désagréablement dans le dos en lui donnant l'impression de s'être embourbée dans un marais.

Une odeur plus qu'alléchante de nourriture vint titiller ses narines, provoquant un grondement affamé de son estomac.

Oh.
Par réflexe elle renifla le fumet, devinant que de la viande grillée devait être en préparation.

Elle aussi elle avait faim.
Voilà la pensée qui s'imposa dans son esprit, désormais omniprésente.

Il fallait qu'elle mange.
Le plongeon dans la mer l'avait complètement épuisée. Elle était tout simplement lessivée

Sauf que voilà, malgré toute sa volonté la jeune femme fut incapable de faire le moindre mouvement.
À la place, seule le frottement d'une corde sèche et désagrèable sur sa peau nue lui répondit.

Et merde.
Elle était attachée.

Pourquoi... pourquoi était-elle attachée ?...
Elle fronça les sourcils ne comprenant pas du tout ce qui se passait.

On lui avait liés chevilles et poignets.
La belle affaire.

Elle voulut soupirer mais sa gorge irritée l'en dissuada.
Quoiqu'elle fasse, elle allait souffrir...

Et soudain, alors que son cerveau venait enfin de se reconnecter une idée plus que judicieuse fit son chemin dans son esprit.
Mais merde... qu'est ce qui s'était passée en fait ?