Chapitre 1 - Une histoire dans l'histoire

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Putain de merde. Pense-je en soupirant lourdement.

Je m'attendais à ce que mon arrivée provoque l'intérêt de quelques personnes... Mais sûrement pas à ce que l'université entière me fixe comme une bête de foire !

J'ai juste envie de disparaître dans le mur. Me lamente-je en me pressant l'arête du nez, les sourcils froncés d'agacement.

En fermant les paupières, je fais mine de ne pas prêter attention aux regards appuyés qui sont posés sur moi, même si je les sens glisser sur ma peau comme des insectes rampants. Moi qui n'aie jamais vraiment aimé être le centre de l'attention... On peut dire que je suis servie. Dire que je pensais pouvoir débuter ma scolarité dans cette école, sans me faire remarquer.

Tout à foiré.

« Pourquoi est-ce que tout foire toujours... ? » grommèle-je dans ma barbe, maudissant quiconque entendrait que le destin soit si cruel avec moi.

J'entends déjà les murmures qui s'élèvent autour de moi et je sais exactement dans quelle genre d'endroit je me trouve. Je n'ai aucune peine à imaginer les petits airs moqueurs et jugeant de tous ces jeunes gens qui sont pourtant constitués de la même manière que moi : de sang et de chair. Après un profond soupire, je relève brusquement la tête, l'air hébété de me trouver nez à nez avec une horde de jeunes adultes à l'air perfide et prêt à se jeter sur moi comme des vautours.

Malgré mon trouble intérieur, mon visage ne reflète rien d'autre qu'une profonde indifférence qui en fait sursauter quelques-uns.

Pour une fois que ma tête de gangster sert à quelque chose... !

J'ai toujours pris l'habitude de maudire mon visage froid et inexpressif, qui ne m'est d'aucune aide dans mes relations sociales, mais je dois bien avouer que celui-ci m'est bien utile dans l'immédiat.

Personne ne va oser venir se frotter à moi si j'ai l'air d'être prête à les enterrer six pieds sous terre.

Et tant mieux, je n'ai aucune envie de me fatiguer à répondre à ces gens.

Voyant que personne n'ose m'approcher et que la majorité de mes nouveaux camarades se contentent de me fixer comme une biche face à un lion – comme attendant de savoir si je vais leur sauter à la gorge –, je traverse le grand couloir sans même me retourner, ni croiser à nouveau leurs yeux curieux qui me détaillent de toute part.

Si on m'avait dit qu'un jour j'aurais refusé d'avoir le moindre contact avec mes semblables, je ne l'aurais pas cru !

« Foutus riches, vous allez voir de quel bois je me chauffe. » je marmonne en serrant les dents, tapant des pieds sur le sol en marchant, comme me croyant dans le générique d'un de mes épisodes préférés de NCIS, ma démarche accompagnée d'un tas d'explosions et d'une musique rock en arrière-plan.

Je dois avoir l'air d'être prête à en découdre avec tout le monde, vu les regards tantôt terrifiés et tantôt hargneux que me jettent ceux que je croise. Je dois leur faire l'effet d'un buffle en colère, prêt à charger à la moindre inattention.

Aussi stupide et inutile puisse paraître ma technique de fuite, celle-ci fonctionne à la perfection et je me retrouve en un rien de temps devant la porte de la classe de laquelle je fais à présent partie. Plantée devant l'entrée comme un arbuste, je scrute l'énorme signe « alpha » tout en or, qui est délicatement gravé dessus et je manque de lever les yeux au ciel.

Tout est si cliché dans cette maudite école !

Mais cela n'est pas étonnant, puisque tout ceci n'est pas le monde réel.

Shitty transmigrationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant