Chapitre 76 - Ouvrir la boîte de Pandore

42 9 0
                                    

« Un jour, j'ai fait un rêve. »

Et je sursaute presque, surprise de constater que j'ai parlé avant de m'en rendre compte et je vois que Thésée est tout aussi étonné que moi vu l'expression qu'il affiche. Je ne sais pas si c'est la fatigue de ces derniers jours où la tendresse de Thésée qui me donnent envie de me confier, mais l'étrange sensation d'avoir les mots au bout de la langue ne me quitte pas.

Que tout ce que je contiens est prêt à sortir.

Et pourtant j'ai peur.

« Qu'est-ce que tu veux dire ? » demande-t-il, hésitant.

Je suis terrifiée de sa réaction, de ce qu'il va pouvoir penser de mes mots. Je ne me sens pas en capacité de révéler mes secrets, mais j'ai pourtant l'impression que je vais étouffer si je ne dis rien. Ce vide qui m'habite, cette douleur et cette boule dans ma gorge qui m'empêchent de respirer me donne l'impression d'être quotidiennement au bord d'un précipice devant lequel j'oscille, prête à tomber.

Malgré ma volonté de faire bonne figure et de tout garder pour moi, je sens que je suis au bout du rouleau, que j'atteins les limites de ma volonté. Je ressens la fatigue dans tout mon corps, la lassitude dans toute mon âme et chaque instant depuis que mon être s'est brisé est une bataille constante contre le mal qui me ronge.

Une bataille contre moi-même.

Une bataille contre le temps qui presse avant l'écroulement total de mon esprit.

A ce rythme-là, je ne vais pas tenir.

« J'ai rêvé que j'étais dans un autre monde... »

Alors je commence à parler, alors même que je suis terrifiée. Alors que le simple fait de penser aux conséquences de la décision que je suis en train de prendre m'emplie d'effroi.

« Que je me réveillais dans un endroit que je ne connaissais pas. »

Et chacun des mots que je prononce est comme une goutte d'eau s'échappant d'un barrage prêt à se rompre. Ils poussent, frappent contre les parois, hurlent à quiconque veulent bien les entendre de les laisser sortir.

Ils supplient de faire disparaître cette pression qui les écrasent. Et dès que les vannes s'ouvrent, mes mots sont comme des vagues déchaînées, déferlants et s'écrasant sur les roches. Et je sais, en cet instant, que je ne pourrais pas faire marche arrière, qu'il ne me sera possible de refermer la boîte de Pandore enchaînée bien solidement au fond de moi dont je viens de retirer les entraves.

Il n'y a plus de retour en arrière.

Ma voix tremble et je n'ose pas croiser le regard de Thésée, qui ne dit rien, parce que j'ai bien trop peur de ce que je pourrais voir dans ses iris, de ce qu'il pourrait penser de la confession que je suis en train de lui faire et que je pensais ne jamais pouvoir faire.

« J'étais dans le corps d'une autre personne et entourée de gens qui avaient des souvenirs que je n'avais pas. »

Même si je ne parviens pas à croire à ce que je suis en train de faire et que je réprime la peur qui se diffuse dans mon corps... Dans mes os, les mots continues à sortir de mes lèvres et chacun d'entre eux allège petit à petit le poids qui me comprime le cœur. Malgré tout je ne parviens pas à me départir de l'angoisse que le simple fait de me confier à Thésée me provoque.

Ce sentiment terrible qui fait presque flancher ma volonté, qui me pousse presque à tourner les talons et à m'enfuir loin d'ici, là où rien n'y personne ne pourra me blesser, là où personne ne pourra m'abandonner.

« Je ne comprenais pas ce qu'il m'arrivait. » je continue à expliquer, sans faire cas du fait que chaque mot est à la fois un soulagement et une torture.

Shitty transmigrationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant