« Je sors ! » je hurle à travers la porte de la maison.
J'entends un vague « fais attention à toi » étouffé depuis l'étage, mais n'y prête pas plus attention que cela en sortant de la maison, mon trench d'hiver sur le dos et mon sac à main sur l'épaule. Il fait déjà nuit depuis longtemps et l'air est glacial. Dans ma petite robe de soirée – enfin... si on peut vraiment appeler ça comme ça – je frissonne, me dépêchant de trottiner vers le portail pour rejoindre Ally qui m'attends déjà, adossée contre un lampadaire.
« Ally ! » je l'interpelle, mais elle ne me réponds pas, les yeux rivés sur son téléphone.
A la lumière de la lampe, je m'aperçois qu'elle a le teint blafard et la mine inquiète. Elle ne semble pas aller très bien en fait, alors même que nous sommes censées passer une super soirée.
« Ally ? » je l'appelle à nouveau, en profitant pour scruter la jolie robe rouge qu'elle porte, avec de petits escarpins dorés, qui soit dit en passant, s'accordent parfaitement avec ses mèches blondes et ses yeux de la couleur du ciel.
Cette fois-ci, elle remarque ma présence et sursaute presque, avant de glisser son téléphone dans sa poche à la hâte. En le voyant, je fais la moue.
Bizarre.
Je soupire.
« Éric ? »
Je n'ai pas besoin d'en dire plus pour la voir hocher la tête.
Franchement, quel emmerdeur ! Je suis sûre qu'il l'ennui encore avec des conneries. Je suis sûre qu'il lui prends la tête parce qu'une personne de sexe masculin risque de s'approcher d'elle à moins de trois mètres au beau milieu d'une fête.
Je lève les yeux au ciel et je vois Ally grimacer en voyant ça.
« Et toi alors ? »
Je me rends compte qu'elle tente de changer de sujet et même si je veux en savoir plus sur ce qui la préoccupe, je me dis que je peux lui lâcher un petit peu les baskets pour ce soir, histoire de ne pas être qu'une chieuse moralisatrice.
Faisons comme si de rien n'était.
« Moi quoi ? »
Nous commençons à marcher côte à côte et je me rends rapidement compte qu'il doit être extrêmement évident que je ne porte que rarement des robes. Comme à mon habitude, j'ai mis une paire de collants noir, en espérant que cela m'affine, mais ils n'arrêtent pas de glisser, si bien que je me retrouve sans cesse à tirer de tous les côtés pour ne pas perdre ma culotte du moment.
On a connu plus glamour...
Si seulement j'étais comme Ally... Ou comme toutes les filles de ce monde... Je me sentirais moins comme un extraterrestre et tout le monde ne me regarderait pas comme si j'étais simplement une fille pathétique.
Je me sentirais plus à l'aise dans une tenue comme celle-ci et je n'aurais pas la trouille que mes habits craquent en cours de soirée.
Je ne dirais pas que je suis mal habillée, loin de là. Après de nombreuses années à ne pas arranger mon compte en portant n'importe quoi et sans aucune notion de style, j'ai fini par comprendre ce qui m'allait ou non. Cela a mis longtemps et je suis passée par plusieurs phases que je pensais stylées et qui étaient en fait complètement ignobles, mais maintenant ça va.
Pour une raison que je n'arrive pas à expliquer, je croyais naïvement que si je parvenais à porter des habits taillés pour les minces, je me sentirais comme tout le monde, mais au final, c'était totalement l'inverse. Chaque fois que j'essayais des habits que je trouvais beaux chez les autres, j'étais déçue. Je me demandais toujours pourquoi ça ne rendait pas sur moi comme sur les autres, mais je n'avais juste pas compris que je ne pouvais simplement pas porter les mêmes choses qu'eux.
VOUS LISEZ
Shitty transmigration
FantasiaHestia Redfield est l'unique fille d'une des familles les plus prestigieuses de la ville. Elle a tout pour être heureuse : une famille riche, des parents aimants et un avenir radieux tout tracé. Pourtant, Hestia a un secret qu'elle ne peut révéler...