Chapitre 73 - Faire la sourde oreille

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Un peu nerveux, je frappe à la porte de la chambre d'Hestia.

Au début je n'obtiens aucune réponse.

Comme d'habitude.

Je dois m'y reprendre à trois fois, avant qu'enfin une petite voix fluette me réponde de l'autre côté de la cloison.

« Oui ? »

Inspirant pour me donner un peu de courage, j'entre dans la pièce et aperçois l'objet de mon inquiétude sagement assise sur le rebord de la fenêtre, le regard perdu quelque part dehors. Elle a ramené ses jambes contre son torse et les enlacent de ses bras en reposant sa tête sur ses genoux. En la voyant, je me dis qu'elle semble particulièrement solitaire... Et aussi particulièrement triste.

Elle ne réagit pas vraiment en m'entendant entrer dans sa chambre, ne tournant même pas la tête pour croiser mon regard. Je constate avec désarroi qu'elle porte toujours son t-shirt noir à l'effigie du groupe de rock qu'elle aime et son legging de la même couleur, qu'elle n'a pas quitté depuis quelques jours, sauf pour faire la lessive et prendre sa douche.

Je plisse les lèvres en la découvrant ainsi, le cœur comprimé de voir ma petite fille dans cet état. En la voyant, je réprime l'envie de m'approcher d'elle pour la secouer ou l'enlacer, parce que je ne veux pas la brusquer.

Cela fait maintenant plusieurs jours qu'Hestia est plongée dans une espèce d'état d'indifférence.

Depuis son retour de l'hôpital, en fait.

Les garçons avaient raison quand ils disaient que quelque chose clochait et je le réalise un peu plus chaque jours. Je ne voulais pas y croire au début, mais la voir passer des heures et des heures dans sa chambre à regarder dehors ou au plafond sans rien dire m'a fait réaliser ce que je ne voulais pas admettre.

« Ca te dis d'aller faire un petit tour avec nous ? »

Mais je n'obtiens aucune réponse, si ce n'est un léger hochement de tête négatif.

Avant, elle n'aurait jamais raté une occasion de passer du temps avec la famille.

Je l'observe plein de désarroi, plein d'inquiétude, mais sans pouvoir dire le moindre mot. Parce qu'après tout, que puis-je faire ? Que puis-je faire quand je vois mon enfant se refermer sur lui-même ? Que puis-je faire quand elle se fait de plus en plus distante ?

Je n'aime pas la voir ainsi... Personne n'aime ça, mais que puis-je faire de plus ? Je ne vais pas lui hurler dessus ou la gifler... Damon a dit qu'il fallait lui laisser du temps, mais je ne suis pas certain que cela ait aidé notre situation. Je ne dis pas que c'est sa faute, loin de là... Je pense simplement que nous sommes à cours d'idée et que de ne rien faire n'était peut-être pas la meilleure solution.

J'hésite un peu, me tenant face à elle, sans parvenir à capter son attention, son regard.

« Hestia. » je l'appelle, un peu fébrile et je n'ai pour toute réponse qu'un léger « Mhm. »

Prenant cela comme un signe de bonne foi de sa part, je m'approche sur la pointe des pieds, comme face à un animal près à s'enfuir. Je fais quelques pas vers elle précautionneusement, de peur de l'effrayer et m'installe sur le rebord de la fenêtre juste à côté d'elle.

Elle ne dit rien du tout, mais ne rejette pas pour autant ma présence, ce qui me soulage, même si le problème initial n'est aucunement résolu.

« Princesse. » je souffle, la voix vacillante. « Princesse, regarde-moi. »

Au début, je pense que je vais essuyer un nouvel échec, mais je la vois finalement pivoter la tête dans ma direction, jusqu'à ce que ses yeux luisants se posent sur ma personne. Sur son visage j'aperçois de la fatigue, de la résignation et une intense souffrance, qui semble si violente que j'en ai presque les larmes aux yeux.

Shitty transmigrationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant