Chapitre 62 - Un égo comme une pastèque

58 6 0
                                    

« Comment ça a été à l'école aujourd'hui ? » me lance Ally qui marche à côté de moi avec son sac sur le dos.

Je hausse les épaules d'un air nonchalant, fixant les pavés sur le sol en marchant vers la salle de sport.

« Pas trop mal. »

« Et Chris ? » elle demande, un peu hésitante.

Je l'ai appelé après le coup de téléphone d'Alexander pour lui parler de la situation. C'est vrai quoi, elle est mon amie et vu mon état de la veille, il me semblait difficile de garder tout ça pour moi... Depuis le début, j'évitais de lui parler de mes problèmes parce que je n'arrêtais pas de me dire qu'elle avait mieux à faire avec son mec toxique, mais cette stratégie a fini par montrer ses limites.

« J'ai essayé de l'ignorer. »

Essayé oui, c'est bien le mot clé de cette histoire. Ce matin en me levant, je me suis préparée sur une petite musique de Rocky à faire face à mon némésis du jour. J'ai frappé à coup de poings devant ma glace, même si je suis sûre que toute personne un peu versée en la matière se serait payé ma tête. J'ai insulté Chris de tous les noms dans la solitude de ma petite chambre et j'ai imaginé ce que je ferais quand je verrais sa tronche de bébé bercé trop prêt du mur, sauf que j'ai oublié que mon imagination était trop débordante et que la réalité ne ressemblait jamais à l'idée que je me faisais des choses.

Au début, j'étais prête à en découdre, prête à l'envoyer valser à coup de sac à main ou de balai, sauf que je me suis figée quand j'ai distingué sa silhouette dans les couloirs. Je dois dire que j'ai été surprise de le voir là, après la raclée qu'il s'est prise de la part d'Alexander et qui lui a laissé une belle trace alternant entre le brun, le bleu et le jaune sur l'œil gauche.

Il ne l'a pas raté, ai-je pensé en le voyant, sans formuler la phrase à voix haute.

La vue de sa personne m'a provoqué une drôle de sensation et malgré toutes mes préparations et mes promesses, je n'ai pas réussi à éviter de fuir son regard quand ses yeux se sont posés sur moi.

La vérité c'est que j'avais honte, même si c'est moi la victime dans l'histoire. Malgré toute cette histoire qui ne fait de lui qu'un sombre connard, pourquoi est-ce que c'est moi que tout le monde juge ? Que tout le monde regarde ? Pourquoi est-ce que ce n'est pas lui qui évite ma personne ? Qui fuie mes yeux ?

Mais je n'ai eu aucune réponse à cette question.

Rien.

Au final, je me suis dépêchée d'aller en cours, en ignorant les petites messes basses de tout le monde et j'ai passé ma journée à faire semblant que j'étais sourde.

« Quel connard. » grommèle Ally, qui a un vocabulaire presque aussi fleuri que le miens lorsqu'elle se met en colère.

« Tu l'as dit. » je soupire en hochant la tête.

Un pari... Quand j'y repense je suis énervée. Sauf que ça m'énerve d'être énervée, alors je le suis encore plus.

Tout ça tourne en rond...

Donc je compte un peu sur ma séance de sport de ce soir pour passer mes nerfs et penser à autre chose, enfin... C'est sans compter sur la figure enfarinée d'Aurora qui est bien sagement appuyée à l'entrée du bâtiment, comme attendant quelqu'un.

Bon... C'est peut-être pas très gentil, mais j'ai pas très envie de la voir.

Aurora semble être une fille sympathique et particulièrement digne de son titre d'héroïne principale de l'histoire, mais moi, je préfère l'éviter. A très franchement parler, je n'ai pas le moindre intérêt pour le récit héroïque de la pauvre fille de modeste lignée, qui s'élève au plus haut rang de la société moderne grâce à son apparence et sa personnalité atypique.

Shitty transmigrationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant