Chapitre 25 - Mais où est Charlie ?

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« Merde ! » je jure, courant sous la pluie à toute allure le long des bâtiments.

Pourquoi il faut toujours qu'il pleuve quand j'ai pas de parapluie ? Entre les gouttes qui me tombent dans les yeux et la nuit qui vient de tomber, je ne vois pas grand-chose... Tout ce que je peux faire est de me couvrir la tête de mon écharpe, protéger mon sac entrouvert et courir le plus vite possible jusqu'à chez moi.

Je déteste ces temps-là, parce qu'ils sont déprimants et surtout parce que je n'aime pas que mes vêtements me collent à la peau. Si j'avais su, je serais partie plus tôt, où j'aurais appelé un taxi... Mais non, il a fallut que je veuille faire la fille courageuse au point de ne pas me faciliter la tâche.

Idiote.

Il n'y a pas grand monde sur la grande avenue, si ce n'est pour les quelques voitures qui passent et mes autres frères et sœurs sans parapluie qui m'imitent aux quatre coins de la rue. A mesure que je m'éloigne du centre-ville et que j'approche de mon quartier, tout est de plus en plus désert et de moins en moins éclairé.

Dans une ville et un quartier de riches, on pourrait penser que les lumières brillent en permanence comme des soleils, mais je suppose que l'auteur, dans sa bonne conscience et son soucis du réalisme, a voulu incorporer une pointe d'écologie dans son histoire...

Bordel ! Il pense pas aux pauvres gens comme moi qui doivent faire la route à moitié dans le noir...

Sérieusement... Tout est fait pour me compliquer la tâche ou quoi ?

Pourquoi vouloir incorporer du réalisme dans ce genre de détails insignifiants, alors que les principaux éléments du scénarios ont une logique discutable ?!

Pour être honnête, je ne me sens pas très à l'aise dans l'obscurité. Déjà de mon vivant, j'avais la fâcheuse et ennuyeuse tendance de commencer à voir des choses et à paniquer, si je restais trop longtemps dans le noir. Tout ça m'a valu un bon nombre de frayeurs. J'avais lu dans un magazine, que notre cerveau cherchait toujours à faire du sens. Il était donc parfaitement capable de nous faire imaginer des choses qui pouvaient alors sembler plus vraies que nature, lorsqu'il ne discernait rien de reconnaissable à première vue. A partir de ce moment, j'ai toujours eu peur que mon cerveau déraille et me fasse voir des choses que je ne voulais pas voir.

Même mon premier et seul appartement en solitaire avant mon arrivée ici était un vrai calvaire pour moi. J'étais inquiète de me retrouver seule dans cette grande étendue de pièces vides, à sursauter au moindre bruit en me disant que, par élimination, si ce n'était pas moi, c'était forcément quelqu'un d'autre.

Quand je repense à toutes ces fois où je me suis imaginée que quelqu'un était là, à me regarder dans le noir, voire peut-être caché sous mon lit, comme en serait effrayé les enfants...

Je ne suis pas beaucoup plus courageuse depuis...

Autant dire dans ce cas que la petite promenade nocturne que je suis en train de faire ne me réjouit pas. Bien sûre je suis une femme rationnelle, qui ne se laisse pas aller si facilement aux hallucinations et aux croyances sans fondement, mais depuis que ma transmigration – donc une chose totalement impensable pour moi avant – est survenue, je ne sais plus trop quoi croire.

A ce stade... Tout peut arriver et ça... C'est terrifiant.

Au moment où cette pensée me traverse l'esprit, j'entends un bruit pas très loin de moi.

« Putain ! » je hurle en sursautant, tendant les bras devant moi comme en espérant que ceux-ci me protègent à la moindre menace.

De peur, je me fige aussitôt, scrutant autour de moi en plissant les yeux pour voir ce qui a pu me surprendre ainsi.

Shitty transmigrationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant