« Ah ! » je hurle en ouvrant brusquement les yeux.
Je suis complètement dans l'obscurité et sans aucun repère de la pièce qui m'entoure. Prise de panique de ne pas savoir où je suis, mon cœur commence à battre à tout rompre, avant qu'enfin j'aperçoive un petit filet de lumière nocturne par les interstices des volets de ce que je reconnais être ma chambre.
Je suis dans ma chambre... Ça va.
Comme pour me calmer, je prends une grande inspiration, avant de passer ma main sur mon front, qui est humide de sueur.
Je me rends compte également que j'ai un peu mal au cœur et que je me sens étrangement mal à l'aise, comme si l'air dans la pièce m'étouffait presque.
J'ai fait un rêve.
Enfin plutôt un cauchemar, même si je ne m'en souviens pas très bien.
Je crois avoir revu des images de mon monde et de ma famille, mais tout semble très flou et imprécis, au point que rien ne me revienne, à part le sentiment d'inconfort qui me tord le cœur depuis mon réveil. Ce genre de choses m'arrivait assez fréquemment dans le monde réel et je ne parvenais quasiment jamais à me rendormir après ça.
Je jette un coup d'œil au réveil qui se trouve juste à côté de moi.
00h50.
Il reste encore beaucoup de temps à dormir avant le lever du soleil... Malgré tout, je ne sais pas si je vais parvenir à fermer l'œil après ça, même si mes paupières sont très lourdes et que j'ai l'impression de pouvoir m'écrouler de fatigue à tout instant.
J'ai peur de dormir à nouveau... De revoir ces images déplaisantes.
Et puis je grimace, parce que j'ai la bouche pâteuse et que ma gorge me fait quelque peu souffrir. Repoussant la couette sous laquelle je suis glissée, je m'assois sur le rebord du lit. J'ai les membres engourdis et l'esprit un peu embrumé par la fatigue, mais je parviens quand même à me mettre debout et à chercher mon chemin dans l'obscurité jusqu'au couloir.
Quand j'y pénètre, il n'y a pas un bruit et c'est bien normal puisqu'il n'y a que Thésée et moi dans la demeure. Lui, doit dormir comme un loir. Après tout, il a le sommeil particulièrement lourd, au point de ne même pas pouvoir être réveillé par le bruit d'un marteau piqueur à côté de lui. En glissant la main le long de la rampe d'escaliers et en faisant attention à ne pas tomber, je me rends compte que j'ai soudainement très chaud et que mes mains sont moites depuis déjà un petit moment.
En fait... Tout mon haut de pyjama est trempé de sueur.
Je grimace légèrement.
Pas très agréable ça... Il va falloir que je me change.
Il ne fait pas chaud à ce point dans la maison, mais je sais que je tends en général à avoir des sortes de vagues de chaleur au réveil, alors je ne m'inquiète pas vraiment de la situation. Après un long parcours du combattant pour traverser la maison dans le noir, je parviens enfin à la cuisine, dont je me rappelle sans mal les contours et glisse le long des meubles jusqu'à l'évier, duquel je prends un peu d'eau dans mon verre.
La froideur du liquide est particulièrement agréable sur ma gorge irritée, alors je prends le temps de l'apprécier, comme si celui-ci était le breuvage le plus savoureux du monde. Je prends mon temps et pas seulement parce que l'eau soulage ma douleur. Je prends mon temps parce que quelque part, je suis inquiète de retourner dormir et de revoir les mêmes images.
J'ai peur que cette sensation déplaisante qui commence à disparaître me revienne.
Lorsque j'étais enfant, j'adorais dormir. Le plus de temps je passais à dormir, le plus heureuse j'étais. Pourtant, depuis quelques années, je n'ai plus tout à fait cette opinion-là. C'est peut-être bête à dire, mais je trouve le fait de s'endormir assez effrayant.
Se retrouver seule avec soi-même, rêver sans rien contrôler et surtout ne plus avoir aucune notion du temps qui passe et de ce qui peut arriver dans la réalité.
Ça c'est effrayant.
Je crois que tout ça a commencé pendant ma vingtaine. J'ai toujours été quelqu'un de plutôt jovial et friande de rires et d'amusement, mais à moment donné, il s'est passé quelque chose. J'ai encore du mal à identifier quoi, même à l'heure actuelle, mais ça m'a totalement changé. Dès cet instant, je n'ai plus apprécié le moment du couché et j'ai commencé à avoir du mal à trouver le sommeil.
Tout ça s'est un petit peu amélioré au fil du temps, mais ça ne m'a jamais vraiment quitté depuis.
Et ça me revient dans des moments comme celui-ci.
Je pousse un soupire, en commençant à remonter prudemment les escaliers, parce que la chaleur de mon corps semble tout à coup s'être évaporée au profit d'une fraîcheur qui me fait frissonner. Je change rapidement mon t-shirt de pyjama et envoi l'autre valser de l'autre côté de la pièce, avant me remettre sous les draps et de m'enrouler dedans.
Je constate à ce moment que mon sentiment d'être gelé ne me quitte pas et que je frissonne comme si j'étais nue en plein hiver.
Je ne sais pas si c'est le fait d'avoir été dans des habits humides qui fait ça, ou si c'est simplement parce que je suis en train de tomber malade, mais tout ce que je sais est que je rajoute un plaid par-dessus ma couverture, avant de me sentir envahie par le sommeil, avant même de le réaliser.
Au final, après ce qui me semble durer une demi seconde, je rouvre les paupières et me rends compte qu'il faut jour. Je ne distingue pas bien les contours de la pièce à cause de mes yeux à demi-clos et de ma vision trouble, mais je vois au puits de lumière qui me frappe le visage, que je dois avoir dormi un bon bout de temps.
Je n'ai aucune idée de l'heure qui l'est, mais j'ai l'impression d'avoir fait un coma et de me réveiller après plusieurs années à dormir. Malgré tout, je ne me sens pas beaucoup mieux. J'ai toujours la gorge douloureuse et mon crâne, qui s'est joint à la joyeuse fête organisée dans mon corps, cogne comme un détraqué. J'ai toujours très chaud et pourtant la surface de ma peau me semble tellement sensible au point de presque en être douloureuse.
« Urgh... » je grommèle en réalisant que malgré mon profond sommeil, je me sens comme quelqu'un qui n'aurait pas dormi depuis trois jours.
Je n'ai pas la force de bouger et je me sens vraiment mal. Il ne m'en faut donc pas plus pour me rendre compte que je suis malade.
Je suis un peu bête, le fait que je crevais de froid aurait dû me mettre sur la piste de la fièvre.
Il faut dire qu'après mon escapade sous la pluie dans les ruelles sombres de la ville, il n'est pas étonnant que je sois dans cet état. Voyant cela, je me dis que je dois prévenir Thésée, mais j'ai à peine la force de sortir le bras de sous la couverture pour attraper mon téléphone. Je pourrais descendre pour le lui dire, mais je ne m'en sens pas du tout capable en l'état.
Au final, j'arrive tant bien que mal à lui écrire un message à moitié compréhensible, pour l'informer de ce qu'il m'arrive, avant que ma vision se trouble et qu'une sensation intense de chaleur me monte à la tête.
'Je mr sens paq bien. Malsde.'
A travers ma vision trouble, je parviens à presser le bouton « envoyer », avant de lâcher le combiné qui s'écrase lourdement sur le meuble. J'arrive à peine à voir l'heure qu'il est et à réaliser que je vais sûrement être en retard à l'école.
Mais bon... C'est le cadet de mes soucis.
Je perçois tout juste le bruit de ce qui me semble être des pas dans l'escalier, avant que ma conscience s'évapore et que je sente mes forces m'abandonner. Je crois voir la porte s'ouvrir et une silhouette faire irruption dans la pièce, mais je n'ai pas le temps de me questionner plus à ce sujet, que déjà je sombre dans l'obscurité.
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Shitty transmigration
FantasyHestia Redfield est l'unique fille d'une des familles les plus prestigieuses de la ville. Elle a tout pour être heureuse : une famille riche, des parents aimants et un avenir radieux tout tracé. Pourtant, Hestia a un secret qu'elle ne peut révéler...