Chapitre 28 - J'irai dormir chez vous

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« Hestia. » m'appelle Damon, alors que je le traîne par le bras sans rien dire.

Mais je ne réponds pas. Je ne dis rien, parce que j'ai peur qu'il se mette en colère, ou qu'il essaie de faire demi-tour pour retourner là-bas. Malgré tout, il me suit sans broncher, alors même qu'il pourrait très bien se dégager de ma prise avec une facilité déconcertante s'il le voulait.

« Hestia. » il réitère, sans une once d'animosité ou d'agacement.

Scrutés par les secrétaires qui sont toujours là, nous passons à nouveau les portes coulissantes et nous retrouvons dehors, sur le bord de la route. La caresse du vent froid me frappe le visage, mais je fais mine de rien, serrant les dents. C'est à ce moment que Damon se fige, m'immobilisant dans son sillage. Têtue, je tire à nouveau sur son bras, pour lui intimer de me suivre, mais cette fois-ci il ne m'écoute pas.

« Hestia, s'il te plaît. »

Cette fois-ci, je plisse les lèvres et fait volte-face, découvrant à sa vue mon visage tordu d'agacement et de frustration, auquel il ne réponds que par un vague hoquet de surprise.

« Quoi ? » je demande, un peu plus sèchement que je le voudrais. « Tu veux retourner là-bas ? »

Sans une once d'expression, il reste silencieux, me regardant d'un air compliqué, avant de pointer Alexander du doigt.

« Il est en train de glisser. »

Je reprends enfin mes esprits au son de sa voix et me rends compte que le corps de notre camarade n'est presque plus très stable sur le bras de Damon. Je me sens soudainement un peu coupable de le voir comme ça. Pendant un moment, j'ai complètement oublié que nous n'étions pas seule. J'ai occulté le fait qu'Alexander était là, qu'il était blessé et que Damon avait du mal à le porter.

Je me mords aussitôt les lèvres, lâchant son poignet gelé par le vent froid pour passer mes doigts dans mes cheveux qui s'agitent au gré de la brise, en venant presque à me couvrir la vision d'un voile soyeux.

« Désolée... » je souffle, tournant la tête partout ailleurs pour camoufler ma gêne.

Je suis embarrassée parce que je me rends enfin compte de la situation dans laquelle je suis et celle dans laquelle j'ai entraîné Damon, sans lui demander son avis... Contre sa volonté et celle d'Alexander qui n'était qu'inconscient.

Je me suis donnée en spectacle.

J'ai été contre la volonté de Damon et j'ai froissé son frère, même si je ne regrette pas de lui avoir dit le fond de ma pensée. Je ne me sens pas vraiment coupable vis-à-vis de cet homme dédaigneux et désagréable, mais je pense après coup, que je n'aurais pas dû mettre Damon dans cette position.

Un peu honteuse, j'ai du mal à le regarder dans les yeux, de peur d'y voir de la déception, du jugement ou de la colère. Alors je fixe le sol sans rien dire.

Au début, seul le silence règne, au point que j'en viens à penser que Damon est partit, mais il finit par passer à côté de moi après un soupire et presser la clé de sa voiture dont j'entends le bruit d'ouverture.

« Viens, on y va. » il me lance d'une voix calme et posée.

J'hésite, un peu effrayée de croiser son regard, mais finis par me glisser à côté de lui sans rien dire, alors qu'il démarre. Il doit sentir que je n'ai pas envie de parler, car il ne dit rien et je lui en suis reconnaissante.

« Qu'est-ce qu'on fait ? » je lance soudainement, plus par considération pour Alexander que je vois installé les yeux clos derrière, que par volonté de changer de sujet.

Shitty transmigrationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant