Chapitre 58 - Une oreille attentive

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« Putain de journée de merde... ! » je grommèle en claquant la porte des toilettes derrière moi.

Dans la panique, je suis rentrée dans la première pièce qui se présentait à moi... Et il a fallut que ce soit les toilettes. Ce n'est pas forcément dans ce genre d'endroit que je veux me retrouver seule pour me calmer, mais je n'ai pas trop le choix. Les garçons sont sûrement encore dehors et je n'ai pas franchement envie de les croiser.

[Vous aviez raison, vous êtes contents ?!]

Je plisse les lèvres en me passant la main sur le visage en y repensant. La vue de mon visage couvert de larmes et de mes cheveux en bataille me semble insupportable, alors je détourne le regard du miroir et m'engouffre dans l'une des cabines de toilettes, avant de me laisser glisser contre le mur.

« C'est rien... De toutes façons, je m'attendais à rien. » je marmonne en inspirant profondément, dans l'espoir de me calmer.

Sauf que ma gorge continue à se serrer et que je ne me sens pas du tout mieux. Je tente le tout pour le tout pour me distraire de ma colère : je me frotte l'arête du nez, je fixe le plafond en éventant mes yeux dans l'espoir que mes larmes sèches.

Mais rien n'y fait.

« Putain... » je souffle, alors que ma voix se brise, lorsqu'un sanglot m'échappe.

« Merde. » je continue à jurer, même si je n'arrive plus à retenir la moindre chose.

Et je continue comme ça à dire des grossièretés, tout en espérant que cela m'apaise, en vain.

Putain de connard, je vais le tuer.

Chaque fois que je suis en colère, mon esprit hurle des noms d'oiseaux, mais je ne me sens pas mieux pour autant. J'ai toujours mal au ventre, mal au cœur et je suis complètement en vrac. Cette journée est vraiment une journée pourrie. Elle avait déjà mal commencé à cause de mon altercation avec Thésée mais ça... C'est le pompon. Je sais très bien de toutes manières, que quand une chose dysfonctionne, c'est tout le reste qui part en couilles derrière.

Je ne suis pas particulièrement superstitieuse d'habitude, mais j'ai quand même la nette tendance de croire que quand quelque chose foire, tout ce qui suit va suivre le même schéma.

Et cette journée en est le parfait exemple.

[Hestia.]

Dire qu'il s'est foutu de ma gueule à ce point... Maintenant que la supercherie a été révélée, je comprends nettement mieux les attitudes de Chris. Je savais bien que notre rencontre « par hasard » était louche. Percuter quelqu'un comme ça en plein milieu d'une énorme avenue et commencer une discussion comme si c'était l'œuvre du destin... C'était bien trop gros pour être vrai, même dans un roman cliché à l'eau de rose.

Il avait bien préparé son coup, l'enflure.

Je dois dire que je reconnais son talent en la matière. Il faut qu'il devienne acteur, parce qu'il a un sacré coup à jouer avec la performance qu'il a tenu. J'ai jamais pensé qu'il était vraiment intéressé romantiquement par moi, mais son petit numéro aurait pu être convaincant si je n'étais pas si méfiante.

« Hestia ? » m'appelle une voix, suivie d'un grincement.

Je reconnais aussitôt le timbre de Duncan.

Mais je ne lui réponds pas.

« Hestia... »

Je hausse un sourcil, la tête dans les bras, alors que je suis assise sur le sol.

Qu'est-ce qu'il fait là ?

Et dans les toilettes des filles en plus. Je pensais que la porte l'arrêterait, mais il faut croire que les héros n'en ont rien à faire de rien. Même si je suis étonnée de sa présence, je dois dire que ce n'est pas ça qui me surprends le plus. J'avoue que je pensais que de tous ceux qui pouvaient chercher à me faire sortir d'ici, ça ne serait pas lui qui viendrait.

Shitty transmigrationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant