Chapitre 3 - Qui va à la chasse, perds sa place

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Je reste silencieuse quelques secondes, le regardant avec des yeux de merlans fris, avant de pouffer de rire sans m'en rendre compte.

Je n'arrive pas à croire que je suis dans ce genre de scène. J'ai presque envie d'éclater de rire en y pensant, mais je me dis que rire aux éclats ne peut qu'aggraver mon cas déjà difficile, vu la veine de colère qui apparait sur le front de notre coqueluche en entendant mon amusement.

« Il y a un truc qui te fais rire ? »

J'entends au son de sa voix qu'il se retient de m'envoyer balader contre le mur et je lui en suis reconnaissant. Et en pensant à ça, je me dis que je suis optimiste, que j'ai peut-être une chance de m'en sortir sans aller à l'hôpital pour mon premier jour.

« Désolée. » je lui réponds en me raclant la gorge, ne fuyant aucunement son regard qui ne m'impressionne pas plus que ça. « Tu disais ? »

Je l'ai très bien entendu et il le sait, mais je fais mine de rien. J'entends quelqu'un ricaner derrière, mais je ne vois pas qui c'est, car ma vue est totalement engloutie par la silhouette large et imposante d'Alexander.

Je réalise aussi que tout le monde s'est tu en entendant sa voix, même le professeur.

Bon... Ça promet.

« Tu es à ma place. » répète-t-il en serrant les dents, prononçant chaque syllabe comme s'il voulait me les cracher au visage.

On en est vraiment à ce point-là ? Sérieusement, je ne pensais pas voir ce genre de réplique dans un livre de ce style. Quoique...

Je ne peux pas m'empêcher de hausser les sourcils à sa remarque, ce qui, je le vois, ne manque pas de le rendre encore plus agacé.

Sa place... On est à l'école primaire ou quoi ?

« Ta place... » je murmure, avant de jeter un coup d'œil derrière ma chaise, puis sous ma table et enfin le long du mur. « Je ne vois pas ton nom dessus, pourtant. »

Je sais que ce n'est pas forcément une bonne idée de mettre en rogne notre protagoniste dès le premier jour, mais je me sens d'humeur un peu rebelle en cette belle première journée de cours. Il a l'air d'abord soufflé par ma réplique, probablement parce que personne ne prends jamais le parti de lui répondre et puis il se reprends, avant de s'approcher encore plus de moi.

Il doit vouloir se donner l'air menaçant, mais tout ce que cela fait est de me donner la vue sur ses pectoraux très bien dessinés, que je vois percer par son t-shirt qui pends légèrement dans le vide. Cela me donne également l'occasion de sentir son intense parfum fruité, qui me rappelle un petit peu les déodorants Axe du monde réel.

« Pas besoin de nom, tout le monde ici sait que c'est à moi. » dit-il en insistant sur « à moi » « Alors dégage de là. »

Je souffle du nez, agacée et je vois à l'air sur le visage de mes camarades qu'ils se demandent tous si je suis folle d'aller à l'encontre de celui dont on ne doit pas prononcer le nom. Le fait est qu'eux sont des habitants d'un monde qui est habitué à l'oppression et pour qui tout se régit par l'argent et l'influence.

Mais moi je viens du monde réel et dans mon monde, personne n'a le droit de me dire quoi faire et surtout pas sur ce ton. Faisant rouler ma langue dans ma bouche pour calmer l'agacement qui monte en moi, je repousse délicatement la chaise sur laquelle je suis assise et me lève pour me placer presque nez à nez avec Alexander, dans la même position que lui.

Pour lui montrer qu'il n'est pas le seul à pouvoir se donner des airs.

« Sinon quoi ? » je rétorque en inclinant la tête, comme ces nanas dans les films prêtes à en découdre.

Shitty transmigrationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant