Chapitre 30 - Copains comme cochons

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« Désolée, j'ai été longue. » je souffle à Damon, en reprenant place juste à côté de lui.

Il n'a pas l'air plus troublé que cela par mon absence prolongé, car il ne relève même pas la tête dans ma direction lorsque je fais de nouveau acte de présence, visiblement bien trop occupé à regarder une espèce de film d'action américain baigné dans les explosions, les complots et les histoires de cul.

« Mhm. » marmonne-t-il, visiblement absorbé.

Je retiens un rire en le voyant si concentré dans sa tâche, comme si plus rien n'existait autour de lui.

« C'est intéressant ? » je le taquine, me recroquevillant sur moi-même pour me tenir un peu plus chaud.

« Mhm. »

Je fais un rictus, parce qu'il me rappelle un petit peu moi de l'autre monde, lorsque j'étais tellement concentrée dans quelque chose que je ne parvenais pas à formuler le moindre mot. J'ai toujours été douée pour me plonger dans quelque chose au point d'en oublier ce qui m'entourait.

Au point d'avoir l'impression d'avoir fait un bond dans le temps en quelques microsecondes. Comme si je venais de me réveiller après un long sommeil.

Malgré tout, quelque chose me travaille.

« Damon. » je l'appelle après quelques secondes, me raclant la gorge.

Au début, il ne réagit pas et j'hésite presque à garder ma remarque pour moi. Pourtant, je me ravise, parce que je tiens absolument à échanger de qu'il s'est passé un peu plus tôt avec lui. Peut-être ne souhaite-t-il plus aborder le sujet, mais je sais que la chose risque de m'obséder pendant toute la nuit si je ne crève pas l'abcès une bonne fois pour toute.

Je suis de ceux qui ont besoin de parler des choses pour arriver à les surmonter, à passer à autre chose.

Alors je lui tapote sur l'épaule et le vois finalement tourner la tête vers moi, un peu à contre cœur, semblerait-il. Il incline la tête sur le côté pour m'inviter à parler.

« Je voulais te dire... » je commence, avant d'hésiter, parce que je ne suis pas très douée pour parler des choses qui m'embarrassent. « Je suis désolée pour tout à l'heure. »

J'ai le sentiment qu'il a envie de retourner au film, parce que je le vois se retenir de tourner la tête vers l'écran, malgré tout il se reconcentre sur moi en entendant mes mots, pivotant quelque peu sur le siège pour me regarder correctement.

« Pour... ? » il souffle, légèrement sur ses gardes.

Je plisse les lèvres en baissant les yeux, comme pour fuir ses profondes iris sombres qui me scrutent curieusement.

« De ne pas t'avoir écouté et de m'être mise en colère contre ton frère. »

Il considère ma réponse en silence, avant de pousser un soupir.

« Ne le sois pas. » conclut-il avant de se tourner à nouveau vers la télé, comme s'il savait que son regard me mettait mal à l'aise.

Sa réponse ne me satisfait pas vraiment, me donnant presque plus une sensation d'inachevé, mais je ne parviens pas à poursuivre, car je me sens mal de vouloir continuer sur un sujet qui ne le mets visiblement pas dans un bon état d'esprit.

« Personne ne m'avait jamais défendu avant. » confesse-t-il après un long silence, à ma plus grande surprise.

A son air absent qui fixe dans le vide, je me rends compte qu'il semble se remémorer quelque chose et pas quelque chose d'agréable vu le léger tremblement de ses mains sur ses genoux, qu'il camoufle habillement sous son coussin.

Shitty transmigrationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant