Chapitre 29 - Remontage de bretelles

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« Viens t'asseoir. » je lance à Damon, qui vient de sortir de la douche et de me rejoindre dans le grand salon, là où je suis installée sur le canapé, sous un épais plaid, devant la télé.

J'en profite pour lui faire signe que je lui ai aussi sortit un pyjama, ce à quoi il réponds par un hochement de tête, avant de se changer et de revenir pour prendre place à côté de moi.

La scène est un peu irréelle, étrange. Lui et moi dans le même canapé, en pyjama, devant la télévision, comme si nous n'étions pas dans un roman bizarre, juste après avoir ramassé un camarade à la petite cuillère dans une ruelle sombre.

On dirait presque le début d'une mauvaise blague.

Il y a quelques jours, si on m'avait dit que je serais là, assise sur le canapé de mon salon, avec un des protagonistes principaux et un autre allongé dans l'un des lits de ma maison, je n'y aurais pas crue. Dire que ma résolution d'éviter le moindre contact avec les éléments importants de l'histoire s'est soldée par un échec... Je ne crois pas au destin, mais je dois avouer que je me demande parfois si une force plus grande n'est pas à l'œuvre. Sinon comment expliquer toutes ces coïncidences, toutes ces absurdités qui dévient totalement du scénario original... ?

Damon, que je ne peux m'empêcher de scruter du coin de l'œil, ne semble pas plus que cela se formaliser de la situation et semble s'habituer bien rapidement au fait de se trouver dans le domicile d'une fille qu'il connait à peine.

Alors qu'il scrute l'écran comme un enfant devant les dessins animés, je sens mon téléphone se mettre à vibrer. Un peu surprise d'être appelée, je glisse les yeux sur l'écran qui est posé sur mes genoux et vois apparaître un nom bien familier.

Hélios.

C'est vrai que j'ai dis que j'allais l'appeler...

Damon relève les yeux vers moi, semblant un peu curieux.

« C'est mon frère. » je souffle, en lui montrant l'écran, avant de me lever pour m'éclipser sur la terrasse, en prenant soin d'enfiler un plaid sur mes épaules pour ne pas avoir froid.

« Je reviens. » je lui intime, refermant la porte fenêtre derrière moi et pressant enfin le bouton pour décrocher le téléphone.

« Allô ? »

Presque aussitôt, j'entends la voix de mon frère, qui ne semble pas très heureux.

« Hestia, tu sais combien de messages je t'ai envoyé ? » il me réprimande sèchement, même si je sais que c'est parce qu'il s'inquiète.

Je me sens soudainement un petit peu coupable de l'avoir laissé ainsi, sans rien dire, parce que j'étais bien trop occupée à rabattre le caquet du frère de Damon. Je plisse les lèvres, fixant le jardin plongé dans le noir d'un air absent.

« Désolée. »

Je l'entends soupirer à l'autre bout du fil et je suis presque sûre de pouvoir le voir se frotter l'arrête du nez, comme pour contrôler son agacement mêlé à l'inquiétude.

« ... Que s'est-il passé ? »

Je me mords les lèvres à sa question, hésitant quelque peu sur la marche à suivre. Je ne suis pas certaine qu'il soit bien de tout lui révéler, mais je me vois mal mentir à Hélios, tout en sachant qu'il pourrait s'inquiéter pour moi comme un fou. J'ai toujours eu pour principe de dire à ma famille ce que je faisais sans jamais rien cacher.

Ou de le dire à au moins une personne si jamais la vérité était trop dure à révéler.

Pourquoi ? Parce que j'ai toujours été convaincu du fait qu'il fallait au moins une personne qui soit au courant de ce que je faisais au cas où quelque chose tourne mal.

Shitty transmigrationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant