Shitty transmigration

Chapitre 38 - Comme un chewing-gum à une chaussure

« Et alors ? Il s'est passé quoi ensuite ? » me questionne Ally, qui marche à côté de moi, scrutant avec attention les étoiles dans le ciel nocturne.

Ce qu'il s'est passé...

« Rien de spécial, je suis rentrée et lui aussi. »

Ally a l'air de trouver ça un peu décevant, mais je ne vais quand même pas mentir pour alimenter sa soif de sensationnel ! Après tout, c'est exactement comme ça que s'est déroulé là scène.

« Tu penses que j'ai mal fait ? »

Au départ, je n'avais pas prévu de raconter ça à mon amie et de tout garder pour moi, mais je me suis soudainement trouvée bien bête, lorsque le stress a commencé à s'emparer de moi. Après tout, j'ai passé tout le retour à la maison et le trajet jusqu'à mon point de rencontre avec mon amie, a ressasser ma discussion plus que compliquée avec Duncan. J'en avais gros sur le cœur et j'ai eu besoin d'en parler.

Et Ally a proposé de m'écouter.

Il va sans dire que je ne suis pas rentrée dans les détails avec elle, car ce sont les affaires de Duncan et que ça ne regarde personne d'autre que lui et sa famille. Je me suis simplement contentée de lui dire qu'on m'avait confié quelque chose et que je n'étais pas sûre de savoir si j'avais bien fait de le lui dire.

Après tout, il n'est pas toujours simple de garder pour soi un secret, quand celui-ci semble bien trop grand.

Surtout pour les angoissés comme moi.

Généralement, je racontais ce genre de moments à quelqu'un qui ne connaissait pas du tout l'objet de la discussion et qui ne serait sûrement jamais amené à croiser cette personne. Je ne confie jamais les secrets des autre à qui que ce soit, mais j'éprouve souvent le besoin de débriefer de toutes les situations qui me paraissent stressantes, ne serait-ce que pour ne pas sombrer dans l'inquiétude.

Alors j'en parle, sans détailler autre chose que les sentiments qui m'animent à ce moment.

Et puis, je fais confiance à Ally pour faire comme si elle ne savait pas.

Elle est très douée pour ça.

« Je pense pas, à ta place, je lui aurais sûrement dit aussi. »

Quelque part, ça me calme que je ne sois pas seule à prendre ce genre de décisions. C'est un peu égoïste, mais ça me rassure souvent de savoir qu'au moins une personne approuve mes choix.

Je ne sais pas ce qu'il se passera entre Duncan et sa mère, mais quoiqu'il en soit, j'aurais fait de mon mieux.

« Bon, t'es prêtes pour le sport ? » me lance Ally, qui trottine joyeusement, son sac sur le dos.

Prête... Je ne sais pas trop.

En ce moment, j'ai un peu de mal à trouver le sommeil et je suis donc assez souvent fatiguée. Malgré tout, je suis plutôt contente de passer du temps avec Ally et de sortir un peu de la demeure familiale. Ce n'est pas que je n'apprécie pas d'y être, loin de là, mais disons que les murs de la maison sont parfois quelque peu... Etroits.

« Je crois que oui. » je marmonne, pas très convaincue, alors que nous apercevons le bâtiment du coin de l'œil, dont les portes sont déjà ouvertes.

Ally continue à marcher devant moi, en me jetant parfois quelques coups d'œil et je suis presque sûre en voyant ça qu'elle se retient de dire quelque chose. Même si ça ne fait pas longtemps que nous sommes amies, je la connais bien et n'ai aucun mal à décrypter certaines de ses attitudes.

« Qu'est-ce qu'il y a ? » je lui demande soudainement et elle se mords les lèvres, hésitantes.

« Éric et moi... C'est fini. »