Chapitre 54 - Martel en tête

57 7 0
                                    

« C'est-à-dire ? » je continue et je vois bien qu'il est frustré, mais je ne me démonte pas.

« Tu sais très bien de quoi je parle. »

Je renchéris aussitôt.

« Non, je veux te l'entendre dire. »

Je suis peut-être un peu obstinée, mais je veux être sûre de comprendre ce qu'il me demande et que lui aussi se rende bien compte que tout ce qui suivra le sera parce qu'il l'a accepté et demandé.

Je le vois hésiter, se mordre les lèvres, marcher de droite à gauche, comme cherchant du courage, mais je ne le soulage pas de son malaise pour autant. Il faut qu'il apprenne à communiquer, comme les autres.

« Dis-moi ce que ma mère t'as dit. » finit-il par dire, comme si les mots lui brûlaient les lèvres.

Enfin !

Pourtant, maintenant qu'il décide enfin de répondre à ma sollicitation, je dois bien avouer que je me mets un petit peu à douter. Il dit qu'il veut savoir... C'est bien. Mais est-ce vraiment le cas ?

Vu la nature des révélations que j'ai à lui faire, j'avoue éprouver le besoin de confirmer que nous sommes bien sur la même longueur d'onde.

« Tu en es sûr ? »

Il a l'air surpris de me voir le questionner à nouveau, mais il ne saisit pas que c'est plus pour me rassurer moi, que pour me conforter sur le fait qu'il soit vraiment déterminé.

« J'en suis sûr. »

Je ne parviens pas à m'empêcher de trouver son revirement de situation un peu curieux.

Après tout, la dernière fois qu'on en a parlé, il semblait prêt à mourir plutôt que d'écouter ce que j'avais à lui dire.

Alors que s'est-il passé ?

Peut-être ma conversation avec le père d'Alexander l'a-t-elle motivée ? Finalement, mes discours moralisateurs ne sont peut-être pas tout à fait inutiles.

Je l'observe un peu interdite, fixant ses iris et son expression pour essayer d'y voir la moindre réticence, mais je ne vois qu'une détermination que je ne lui connaissais pas. Je suis tout à coup bien moins assurée à l'idée de lui révéler ce que sa mère m'a confié.

Mais il est trop tard.

Alors je soupire, glissant ma main dans mes cheveux pour tenter de camoufler la gêne qui s'empare de moi. C'est comme si mon courage avait fondu comme neige au soleil... ! Pourtant je le vois continuer à m'observer avec son regard plein d'espoir et je réalise que je n'ai plus le choix, maintenant que je me suis lancée là-dedans.

« Je vais te dire ce que ta mère m'a dit l'autre fois, mais... » je commence, cherchant mes mots alors qu'il semble ne plus tenir en place. « Je ne vous connais pas toi et ta mère, je ne connais pas votre histoire alors je ne sais pas si c'est vrai ou pas. »

J'ai juste une fonction de relais des informations dans cette situation. Je ne saurais trop dire si la mère de Duncan était sincère ou si elle fabulait pour renouer avec son fils.

En plus, ce n'est pas mon rôle de me poser ces questions.

« Il va falloir que tu essaie de rester calme, d'accord ? » lui dis-je soudainement un peu stressée de découvrir la réaction qu'il pourrait avoir et à juste titre. Je suis après tout celle qui va lui dire que son père n'est peut-être pas celui qu'il prétends et qu'il a peut-être haïs sa mère depuis des années pour les mauvaises raisons.

Je vois bien qu'il est quelque peu nerveux en entendant mes mots, alors je pointe le muret sur lequel je suis installée du doigt.

« Je pense que tu devrais t'asseoir. »

Shitty transmigrationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant