Chapitre 70 - Comme le nez au milieu de la figure

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« Tâches de te calmer un peu, d'accord ? » me lance Duncan dans sa barbe, alors que nous revenons dans le couloir menant à la chambre d'hôpital dans laquelle Hestia se trouve.

Je grimace à son ton moralisateur, mais ne dit rien, parce que je sais très bien que j'ai été injuste avec Aurora. Je n'aime pas beaucoup que Duncan prenne le parti de me réprimander comme il a pu le faire dehors, mais il est vrai que je suis bien trop sur les nerfs depuis tout à l'heure.

« Je vais faire de mon mieux. » je grommèle, comme un ours mal léché.

« Alors ? » demande Hélios en se relevant, suivi de près par Thésée.

Atlas et Calliope s'observent en silence, avant de pousser un petit soupire, visiblement exténués.

« Elle dort encore. »

Il ne doit pas être facile pour eux de voir leur fille dans cet état, après les frayeurs qu'elle leur a déjà causée dans son enfance. Hestia n'a jamais été très bavarde à ce sujet, mais j'ai déjà entendu mon père discuter avec eux de son état de santé plus que précaire lorsqu'elle n'était qu'une petite fille. Ils étaient toujours inquiets, toujours en attente de savoir si son état allait se dégrader...

Et puis un jour tout a été mieux.

Ils doivent avoir l'impression de revenir en arrière.

« On peut la voir ? » demande Thésée, visiblement impatient.

Adonis réapparait à la suite de ses parents en hochant la tête. L'annonce semble réjouir les frères qui s'observent en souriant, avant de se tourner vers nous.

« Qui - » commence à dire Thésée, avant que je le coupe, en faisant quelques pas vers lui.

« Je viens. » je tonne aussitôt, sans laisser la moindre marge de manœuvre aux autres.

Mon attitude doit paraître étrange pour les deux frères, car je les vois me fixer curieusement, mais je n'en ai que faire. Je n'en peux plus d'attendre. Voyant ma mine désespérée et mon air pressant, tous hochent la tête avant de me laisser entrer après eux. Etant le dernier de la marche, je repousse la porte derrière moi, avant de me tourner pour apercevoir les deux garçons de chaque côtés du lit et d'entendre le petit bip incessant de l'appareil qui mesure le rythme cardiaque d'Hestia, qui est immobile dans son lit, glissée délicatement sous la couette.

« Tia. » murmure Hélios avec douceur en lui prenant délicatement la main.

Mais elle ne réponds pas.

Il n'y a que le silence et le bruit de sa respiration délicate.

Au moins elle respire, c'est bien.

On pourrait presque croire qu'elle est endormie, si ce n'est pour la bande blanche qui entoure le haut de son crâne. Elle a l'air paisible... Complètement détendue. Je dois dire que ça change de sa mine des derniers jours.

« Tia. » répète Thésée après lui, qui dépose sa paume sur le front de sa petite sœur en la fixant avec tristesse. « Réveille-toi. »

Je ne suis pas sûre de savoir s'il espère vraiment qu'elle ouvre les yeux, ou s'il essaie simplement de lui parler dans l'éventualité qu'elle nous entende. Quoiqu'il en soit, je demeure un petit peu en retrait, quelque peu mal à l'aise avec la vision de mon amie ainsi allongée dans un lit immaculé.

Ca me rappelle de mauvais souvenirs.

Rien que le fait d'entrer dans cet endroit a été une difficulté pour moi. Ca m'a rappelé l'époque où ma mère était malade, celle où mon père et moi venions la voir dans sa chambre, juste avant qu'elle ne meurs. Même si je sais qu'en définitive, sa vie n'est pas en danger, je ne parviens pas à m'empêcher d'être effrayé que son état se dégrade tout à coup, comme se fut le cas pour ma mère.

Shitty transmigrationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant