Chapitre 9 - Tel père, tels fils

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J'entends toquer plusieurs fois à ma porte.

« Thésée, je t'ai dit que – » je commence à m'emporter avant que la porte s'ouvre sur la silhouette d'une autre personne, que je reconnais aussitôt.

« Adonis ! » je m'exclame, alors qu'il passe le pas de la porte, les mains dans les poches de son jean troué.

Il a l'air particulièrement ennuyé d'être là, vu la grimace qu'il affiche.

« Les autres m'ont dit de t'appeler. » il marmonne, avant de tourner les talons et de sortir de la pièce.

Bon... C'était rapide.

Je sais qu'Adonis n'est pas du genre très bavard, mais je suis toujours surprise de voir à quel point. Si je devais décrire le genre de personnage qu'il est, je dirais qu'il ressemble un petit peu à Alexander dans sa personnalité et à Damon dans son apparence.

Il a hérité des yeux bleus et des cheveux noir de notre père, tandis que Thésée et Hélios ont pris les traits de notre mère.

Et puis il y a moi, qui ne ressemble à aucun d'entre eux. Ayant été transmigrée dans mon corps d'origine, j'ai conservé tous mes traits d'avant, y compris mes banals cheveux bruns, de la même couleur que mes yeux.

Plus ennuyeux tu meurs.

Dire que je pensais finir avec des yeux roses et des cheveux argentés, c'est raté !

Je suis sûre que tout le monde doit se dire que je suis la fille du facteur.

Mais ma nouvelle famille n'a jamais fait le moindre commentaire. Je ne sais pas s'ils s'en fichent, ou s'ils préfèrent faire comme si de rien n'était, mais je ne m'en plains pas. J'ai déjà assez à faire avec les regards curieux de la famille et des amis de mes parents pour m'en soucier.

« Tu as bientôt fini ? » marmonne Adonis de l'autre côté de la porte et je réalise qu'il est toujours là.

« Tu n'es pas parti ? » je m'enquit, retirant mes habits de la journée pour enfiler une petite robe à fleurs rose, cintrée juste sous ma poitrine.

J'en profite pour me regarder un petit peu dans le miroir, même si – comme d'habitude – je n'aime pas du tout ce que je vois. Que ce soit mon ventre ondulé, mes bras rebondis ou le début de double menton que j'aperçois, tout m'horripile. Je sais que j'ai eu des années pour m'habituer à ce corps dans le monde réel, mais je ne peux m'empêcher de me sentir frustrée qu'une deuxième chance m'ait été donnée, mais de cette manière.

[On dirait que tu ne seras pas reine du bal.] me rappelle-je des mots d'Alexander, avant qu'une grimace déforme mes traits.

On dirait bien que non.

Pas que je me serais présentée de toutes façons, mais bon... Ce n'est pas très agréable de se l'entendre dire.

« Non. » réponds enfin Adonis, dont j'ai presque oublié la présence. « Je t'attends. Ça m'évitera de remonter après. »

Il dit ça, mais je sais qu'il a simplement envie de passer du temps avec moi, parce que nous nous voyons rarement. Adonis est dans le milieu du manga ce que l'on qualifierait de « tsundere ». Autrement dit, une personne de premier abord froide et distante, mais qui est en réalité aimante et douce comme un agneau.

Adonis est, comme Thésée, complétement gaga de sa petite sœur, mais il ne le montre pas.

Il n'est juste pas honnête avec lui-même.

« Si tu le dis ! » je lance à son intention en arrangeant encore une fois mon maquillage et je l'entends grommeler de l'autre côté de la porte.

C'est à ce moment que je perçois une autre voix, dont je ne distingue pas les mots exacts, puisque celle-ci est légèrement étouffée. Elle a l'air de venir du bas des escaliers, où le reste de la famille se trouve très certainement.

Shitty transmigrationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant