Chapitre 41 - Un sang d'encre

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« Tia ? » je hasarde en la voyant papillonner des paupières, avant de sentir tout son poids contre mon torse.

Elle dort.

Découvrant cela, je soupire de soulagement, glissant délicatement le bras sous son dos, pour la glisser sans la réveiller, jusqu'au lit. Lorsque je passe la main sur son front, je constate qu'il est encore chaud.

La fièvre a du mal à partir on dirait...

J'en suis encore plus convaincu lorsque je l'aperçois grimacer, en agrippant sa couette.

[Je veux mon frère.]

Je plisse les lèvres lorsque les précédents évènements me reviennent. Je n'arrive pas à croire ce que j'ai vu. La voir si faible... Si vulnérable... C'est la première fois. Elle a toujours été une fille joyeuse, quoiqu'un peu émotive, mais jamais à ce point.

Pas au point de faire une crise de larmes comme celle-ci.

Quand j'y repense, je me dis que c'est peut-être notre faute.

[Je veux voir ma famille... S'il vous plaît.]

Je glisse la main dans ma poche pour en sortir mon téléphone, alors que le bruit de sa respiration régulière apaise petit à petit mon cœur meurtri.

Peut-être qu'on est trop absents...

Hestia ne dit jamais rien lorsque nous partons, mais il faut croire que nous étions naïfs de penser qu'elle ne se sentait pas seule.

Je presse un nom dans le répertoire en soupirant, et effleure une dernière fois le crâne de ma petite sœur endormie, avant de sortir sur la pointe des pieds de la chambre, en portant le combiné à mon oreille. La réponse ne se fait pas attendre et mon interlocuteur décroche aussitôt.

« Thésée ? »

Je passe la main sur mon visage, en me laissant tomber sur le canapé.

« Hélios. »

Je ne vois personne d'autre que lui à appeler en de telles circonstances. Bien évidemment, il y a nos parents et Adonis, mais il est presque toujours impossible de les avoir au téléphone immédiatement, car ce sont des gens très occupés. Je sais en revanche qu'Hélios laisse toujours tout de côté pour prendre les appels de la famille, au cas où quelque chose se passerait. Et puis... C'est sûrement de lui que je suis le plus proche dans cette famille, juste après Hestia.

« Qu'est-ce qu'il y a ? » demande-t-il aussitôt, mal assuré.

Il doit se douter que quelque chose ne va pas, car je ne l'appelle quasiment jamais à l'improviste. Au départ, je n'avais pas prévu de les déranger pour leur parler d'Hestia, parce que ce n'était après tout qu'une petite grippe.

[S'il vous plaît...]

Mais maintenant que j'ai assisté à ça... Je me dis qu'il faut qu'on en discute tous ensemble, en famille.

« Hestia est malade. » je lui explique, basculant la tête en arrière pour détendre les muscle de mon cou.

J'entends un bruissement dans le combiné et le son d'une porte que l'on ferme, ce qui me fait dire qu'il s'est mis à l'écart pour pouvoir m'écouter tranquillement.

« Ah oui ? Est-ce qu'elle va bien ? »

Je laisse passer un petit silence.

« Thésée. » réitère-t-il, cette fois-ci plus pressant. « Est-ce qu'elle va bien ? »

J'entends sa voix trembler à l'autre bout du fil et je suis presque sûr qu'il est très inquiet face à mon absence de réponse.

« Je – Je ne suis pas sûr. »

Shitty transmigrationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant