Chapitre 80 - Faire l'autruche

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Lorsque j'entre dans l'école, une vague de stress me secoue aussitôt. Fixant les murs, le sol et les fenêtres pour ne croiser les regards de personne, j'ai le sentiment que tout le monde me fixe, comme au premier jour. Je me sens inconfortable, épiée et terriblement mal à l'aise, au point que je me demande si la confession d'Alexander à mon égard n'est pas écrite à l'encre rouge sur mon front.

J'ai envie de partir.

Je n'ai pas envie d'être là, à me demander ce que les autres pensent de moi et ce qu'ils murmurent quand je ne suis pas là. Malgré tout, je n'abandonne pas, parce que je sais que je ne peux pas rester cloitrée chez moi à attendre que quelque chose se passe. J'ai promis que j'allais faire un effort et je dois être forte, même si j'ai juste envie de prendre mes jambes à mon cou.

De loin, je vois Damon me faire signe et en le voyant m'attendre non loin de la salle de classe, je me dis qu'il doit avoir eu peur que je tourne les talons, ou que je me dégonfle.

« Salut Hestia. » me lance-t-il en secouant la main.

Et lorsque je l'aperçois, je ne parviens pas à réprimer le stress qui me tord le ventre à l'idée de revoir Alexander.

« Comment tu vas ? » me demande-t-il, marchant à côté de moi, en prenant soin de respecter mon rythme.

Je hoche la tête en silence, les yeux un peu distraits scrutant les alentours. Je suis nerveuse, je le sens et je dois bien avouer ne pas savoir si je meurs d'envie de voir Alexander ou de le fuir. Sans m'en rendre compte, je traîne un peu les pieds, mais malgré tout, nous finissons par parvenir jusqu'à notre salle, dans laquelle j'hésite un peu à m'engouffrer.

Entre les autres élèves dont je n'ai pas envie de voir le visage et Alexander, dont la simple pensée me gêne, je ne sais pas trop où donner de la tête.

« Il n'est pas encore là. » marmonne Damon avec un vague sourire.

Je sursaute presque en l'entendant, surprise que ce soit lui qui décèle ce genre de choses, alors que Damon est habituellement si aveugle. Cela le fait sourire davantage et je crois même l'entendre rire, avant qu'il pousse la porte et tends la main vers l'intérieur pour me faire signe de le suivre.

Sans rien dire d'autre, mais sans parvenir à occulter l'embarras qui me chatouille le bas ventre, je m'exécute en silence et passe la tête par l'encadrement. Dans la salle se trouve la plupart de mes camarades, ceux que je n'ai pas vu depuis un petit moment. Mon arrivée ici provoque quelques réactions, quelques murmures, mais je dois dire que tout ça est bien moins effrayant que ce que j'avais imaginé pendant le trajet.

Certains me fixent, chuchotent lorsque je passe, mais rien de bien méchant et je parviens à me glisser derrière Duncan, qui est assis à moitié sur sa chaise.

« Salut Hestia. »

« Lut. » je marmonne, parvenant à me sentir un peu plus sereine maintenant que je vois qu'Alexander n'est pas là.

Malgré tout, je suis partagée entre l'envie de le voir et celle de me laisser encore un peu de répit. Sortant mes affaires comme si c'était la première fois que je venais en cours, je fais mine d'ignorer les petits regards amusés que me jettent Duncan et Damon, qui s'observent occasionnellement comme s'ils conversaient silencieusement.

Je sais très bien pourquoi ils me fixent comme ça... Enfin je pense le savoir.

« Alors... ? » fini par me dire Duncan, un petit sourire narquois aux lèvres.

Je sais très bien de quoi il parle, enfin je pense, mais bien trop embarrassée pour lui répondre, je fais mine de rien.

« Alors quoi ? »

Shitty transmigrationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant