2 ~ Alessio

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Alessio

Je me trouvais assis sur le fauteuil en cuir en face du bureau vide de mon père, un verre de rhum à la main, et une cigarette dans l'autre. Je l'attendais depuis maintenant vingt minutes, avec, je devais l'avouer la boule au ventre. J'avais failli à ma mission, et je détestais ça. Il m'avait envoyé dans un des bars les plus connus du centre de Naples, toujours bondé peu importe l'heure de la journée, le gérant voulait renégocier le taux des recettes qu'il nous devait à chaque fin de mois. Mon seul ordre était qu'il le négocie le moins possible, de manière qu'on perde peu mais que lui ait l'impression d'y gagner quelques choses. Et encore une fois je n'en avais fait qu'à ma tête, pensant que mon simple regard le dissuaderait de demander quoi que ce soit, il avait tout gagné, nous avions tout perdu, il ne voulait plus travailler pour nous.

Je vais me faire éclater.

Soudain, la porte s'ouvrit brusquement, sur un homme aux cheveux court brun, une barbe parfaitement taillée, et un regard noir comme le reste de son bureau. Mon père et le noir, une grande histoire d'amour après celle qu'il vivait avec ma mère. Tout son bureau était fait en marbre noir, seul le mobilier était en bois brut ce qui contrastait parfaitement avec le sol et les murs.

— Papa. Le saluai-je sans me tourner, en buvant une gorgée de ce rhum quinze ans d'âge.

— La moindre des choses serait que tu me regardes quand tu t'adresses à moi après avoir fait de la merde. M'assena-t-il sèchement.

Il s'asseya à son bureau en face de moi, les mains croisées sous son menton, planta son regard noir dans le mien.

— Alors ? Reprit-il, tu m'expliques ce qui s'est passé ?

— Je pensais arriver à le convaincre de...

— Tais-toi ! Me coupa-t-il, je sais déjà tout.

— C'est toi qui m'as demandé de t'ex...

— Tais-toi je t'ai dit. Je n'ai pas besoin de t'entendre te justifier. J'ai eu le gérant au téléphone il y a une heure, il était furieux. Il m'a dit que tu n'avais pas voulu écouter un moindre mot de ce qu'il avait à dire, que tu étais tout de suite rentré dans la confrontation, et qu'il avait décidé d'accepter l'offre de nos concurrents directs, moins avantageuse pour lui, mais au moins, ils l'écoutent quand il parle, EUX.

Dans la confrontation ? Sérieux ? Quelle fillette, je lui ai juste fait faire un câlin au mur...

— A quoi tu joues Alessio ? Tu es mon meilleur élément depuis toujours, et quelle fierté pour un père d'avoir son fils comme bras droit dans ces affaires. Mais en moins de deux semaines tu nous as fait perdre deux gros contrats à cause de ton impulsivité ingérable. Ça ne peut plus continuer comme ça.

Je ne répondis rien, mon père était la seule personne sur cette terre qui me faisait peur, en un regard il était capable de vous donner envie de vous tirer vous-même la balle dans la tête. Sa carrure, sa musculature, et son autorité naturelle faisaient qu'à aucun moment vous n'aviez envie de vous mettre sur sa route, face à lui.

Soudain, quelqu'un frappa à la porte, ce qui mit un terme immédiat à la guerre de regard que nous avions débutée.

— ENTRE ! Cria mon père, toujours en colère.

Tout le monde dans cette baraque devait déjà être au courant de ma connerie, donc je ne voyais qu'une chose : cette personne ne tenait pas à sa vie pour intervenir pendant cette entrevue.

Fuyez pauvre fou !

— Salut papa.

Ana, ma petite sœur, le regard de mon père s'attendrit instantanément. C'est fou l'effet qu'elle avait sur les hommes, son visage rond et bronzé, sa chevelure noire et lisse, ses yeux bleus, et sa voix posée, tout chez elle était apaisant.

Stelle T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant