Stelle T1

16 ~ Le tatouage

Alessio

Nous étions tous assis autour de la table de la cuisine pour prendre notre petit-déjeuner. Ma mère m'apporta mon café noir, sans sucre. Je ne mangeais rien le matin, alors que tous les autres prenaient un repas bien copieux. Des Efferalgan fondaient dans les verres, je crois que nous avions tous abusés sur l'alcool hier soir, comme si on avait besoin d'oublier des choses chacun de notre côté. Charlie débarqua dans la pièce, déjà prête, des lunettes de soleil sur les yeux.

— Alors leonessa, on a un peu abusé sur le rhum coca hier soir ? Se moqua Nino.

— Je vois pas du tout de quoi tu parles, je suis en pleine forme. Riposta-t-elle.

Elle se rapprocha de lui et le prit dans ces bras en lui murmurant quelque chose à l'oreille qui le fit éclater de rire. Une fois qu'elle s'était écartée, il lui tendit un verre d'eau contenant le médicament ce qui fit rire le reste des personnes autour de la table.

— Charlie, qu'est-ce que je te prépare pour ton petit-déjeuner ? Lui demanda ma mère

— Un café sans sucre s'il te plait Fortuna, je ne mange pas le matin.

Elle fit le tour de la table pour dire bonjour au reste des personnes présentes, et taquina Juliann qui était en gueule de bois sévère. Elle s'approcha enfin de moi, et se hissa sur la pointe des pieds pour m'embrasser sur la joue. Je restai figé face à son comportement, j'étais persuadé qu'elle m'en voudrait après la soirée d'hier ou j'avais fini dans ma chambre avec cette fille et ça sous ces yeux. Pourtant, ce n'était pas le cas, elle me sourit puis se cala à côté de moi en attendant que son café coule. Ma mère lui apporta enfin, mais elle ne bougea pas, et prit une gorgée.

Bordel, cette simple proximité m'angoisse.

— Charlie, quel est ton programme de la journée ? Demanda mon père.

— Je dois aller à l'IREN aujourd'hui, voir les équipes et lancer les sujets. Lui répondit-elle.

— Qui t'accompagne ? S'interrogea Nino.

— C'est Ju. Affirma-t-elle, enfin si tu es d'accord.

— Evidemment, s'exclama-t-il. Pour deux raisons que je vais vous donner tout de suite. La première c'est que je vais t'avoir pour moi tout seul, et dieu sait que dans cette pièce ils sont nombreux à m'envier.

Il insista sur ce dernier mot en me lançant un regard taquin, auquel je répondis avec un doigt d'honneur discret.
— Et la deuxième c'est que ça veut dire que j'évite l'entrainement de boxe, et ça, ça n'a pas de prix !

Elle rigola, tandis que mon père secoua la tête d'exaspération. Il avait raison, on était nombreux à l'envier, et moi le premier.

— On part dans trente minutes, alors va enfiler un tee-shirt chéri... Non pas que tes muscles saillants me déplaisent mais... Lui dit-elle d'une voix suave.

Il se leva et s'approcha lentement d'elle, la fixant droit dans les yeux, les sourcils levés et un sourire aguicheur. Les personnes autour de la table étouffaient déjà leur rire. Charlie ne bougea pas, elle avait ramené son pouce à sa bouche qu'elle mordillait, tout en défiant Juliann d'aller au bout de son idée.

— Tu veux dire que... J'aurai peut-être... Une chance de...

Il parcourut les dernier mètres en courant et l'attrapa par la taille pour la soulever. Charlie émit un cri suivi de rires qui tendaient de plus en plus vers les aigus. Il la lâcha comme un vulgaire sac sur le canapé et s'installa au-dessus d'elle pour la chatouiller. Les rires des autres se joignirent à ceux de Charlie. Ça faisait longtemps que je n'avais pas vécu un petit-déjeuner dans cette bonne humeur là. Le retour de Charlie nous avait redonner une certaine joie de vivre que nous perdions petit à petit. Même mon père se laissa aller, ce qui était de plus en plus rare avec le temps. J'étais le seul à ne pas profiter du moment présent. Ils avaient toujours été comme ça tous les deux, complices et tactiles. Je savais que Ju avait une énorme place dans le cœur de Charlie, elle l'aimait profondément. Mais le fait de les voir si proche, de le voir la toucher autant qu'il le voulait me nouait l'estomac.