Stelle T1

56 ~ La vente aux enchères

Alessio

Je prenais mon temps dans cette foutue salle de bain, comme un gamin qui avait peur que sa mère vienne le gronder. J'avais vu dans ces yeux que je venais de lui briser son petit cœur fragile.

Après tout, c'est un donné pour un rendu non ?

Pourtant, c'était la seule manière de m'assurer que ce soir elle ne ferait pas de vague, parce qu'hier, je n'avais jamais été en colère à ce point, et c'était elle qui faisait ressortir toute cette putain de violence. Cet effet que son comportement toxique avait sur moi, je ne pouvais rien contrôler. Hier j'étais allé trop loin, j'avais complètement déraillé. Je ne pouvais pas laisser une telle chose se reproduire. Je n'avais aucune confiance en moi quand j'étais dans cet état, le mieux à faire était que ça ne se reproduise pas.

Mais maintenant je flippai de lui refaire face, de me prendre toute sa haine en pleine figure. Alors j'étais là, debout contre ce mur, prêt depuis trente minutes, et j'attendais, comme un vulgaire gamin flippé.

Nous avions rendez-vous dans une heure et il fallait aussi que je la laisse se préparer, je soufflai un bon coup et pris mon courage à deux mains pour sortir de la salle de bain. Lorsque je passai le pas de la porte, je la vis, dehors, habillée, apprêtée. Elle s'était préparée dans la chambre, et elle fumait une cigarette sur la terrasse. Le paquet que je lui avais offert, comme un cadeau empoisonné était toujours au sol, j'entrepris de le ramasser pour le mettre à la poubelle. Sans grande surprise, elle s'était occupée de jeter les roses rouges que j'avais fait apporter en plus.

Super, bravo génie, elle te déteste.

Sa tête pivota dans ma direction, et mon cœur fit un bond lorsque j'y lu tout le dégout qu'elle ressentait. Elle avait le visage fermé, ces iris ne reflétaient aucune expression, elle était vide. Et c'était de ma faute. Je lui avais fait vivre une journée de rêve, j'avais vu toutes les étoiles dans ces yeux lorsque nous étions allés visiter le Colisée, elle m'avait même embrassé d'elle-même dans ce parc, me faisant tomber un peu plus amoureux d'elle, et moi, je l'avais ramené brutalement dans ma réalité.

C'est pour ton bien. 

Je me dirigeai vers la baie vitrée, alors qu'elle écrasait sa cigarette dans le cendrier.

— T'es prête on peut y aller ? Lui demandai-je d'une voix calme.

Elle se figea un instant, puis ancra ces yeux aux miens, son regard se fit noir, mais elle ne dit pas un mot, elle passa la porte fenêtre, me contourna et récupéra son sac avant de se diriger vers la porte de la chambre.

— Tu es très belle. Ajoutai-je en la suivant.

Toujours rien, elle restait muette, c'était sa meilleure façon de me faire payer ce que je venais de lui faire, et elle le savait.

Bah ouais mais mec tu t'attendais à quoi aussi ?

Une vague de colère prit possession de mon corps, je détestais quand elle était comme ça, silencieuse, haineuse, je la détestais putain.

Nous sortions de l'hôtel, elle le regard rivé sur son téléphone, quand un homme la percuta de plein fouet. Il s'excusa dans la foulée en ramassant son sac à main qu'elle avait fait tomber.

— Pardon mademoiselle, je...

Lorsqu'il releva la tête et que ces yeux croisèrent ceux de Charlie, il se stoppa, surement submergé par sa beauté, et moi je bouillonnai. Mon regard s'assombrit, ma respiration devint plus erratique. Charlie s'en aperçut rapidement, et ses doigts enlacèrent les miens entrainant l'invasion de tout un tas de petits papillons dans mon estomac.