Stelle T1

52 ~ Cauchemars

Charlie

— Mademoiselle Roy, je suis désolé de vous l'apprendre. Mais c'est votre nom que votre père a donné pour prendre cette décision.

— Non. Non. Non.

— Je suis désolé mademoiselle Roy. Je sais que cela va être un moment compliqué. Mais il vous faisait confiance.

— Non. Non. Je ne peux pas.

— Ce sont ces dernières volontés... Mais nous sommes obligés d'attendre votre accord mademoiselle Roy...

— NOOOOOOOON !

— Charlie ?! Eh, eh beauté. Je suis là. Charlie ?

— NON JE NE VEUX PAS, LAISSEZ MOI !!

Je me débattais, aussi fort que je le pouvais. Je voulais qu'on me lâche, je voulais être seule.

— Eh, Charlie, c'est moi, ouvres les yeux, c'est Alessio. Je suis là.

J'ouvris les paupières. Il faisait noir, ma vue était brouillée, mais Alessio était là, il me tenait fermement contre lui, je pouvais sentir son odeur.

Mais qu'est-ce que...

Il plaça deux doigts sous mon menton pour m'obliger à le relever et planta ces yeux dans les miens. Sa main caressa lentement ma joue humidifiée par les larmes qui coulaient.

— Eh beauté... Regardes moi... Tout va bien d'accord ?

Il me serra un peu plus fort contre lui.

Mes cauchemars... Ils étaient de retour... J'en faisais toutes les nuits après la mort de mon père. Constamment. Ils ne s'arrêtaient jamais, me repassant en boucle cette scène. Cette soirée qui m'avait détruite à jamais. Comme si mon cerveau souhaitait que je m'en souvienne pour le restant de ma vie. Comme s'il voulait que j'en paie les conséquences pour toujours. C'était à partir de ce moment ou mes insomnies avaient débutées, pour lutter contre mon propre cerveau mon corps avait développé une peur furieuse de s'endormir. Depuis trois ans je me battais contre moi-même.

Des sanglots s'échappaient de mes lèvres alors que je tentais de retrouver une respiration correcte. Mon cœur battait vite. Trop vite.

Lorsque ma vision s'éclaircit, je croisai le regard doux du mafieux qui attendait que je recouvre mes esprits. Ses doigts caressaient lentement ma peau, et il me berçait d'avant en arrière.

Je me redressai, tenant mon visage entre mes mains.

— Parle-moi... C'était quoi ce cauchemar ?

Je secouai négativement la tête, je ne voulais pas en parler, je voulais oublier. Il se replaça face à moi, m'attrapa les mains pour les enlever de mon visage puis il ancra ces yeux au miens.

— Dis-moi ce que tu ne voulais pas faire ? A qui tu parlais ? Dis moi Charlie. Je le ferai moi, laisses moi t'aider, je peux encaisser pour toi. Je le ferai à ta place, expliques moi...

Si seulement...

J'étais en colère. Tellement en colère, contre tout, contre le monde entier, contre l'univers, mais surtout contre moi.

— Laisse-moi. Tout est ta faute. Crachai-je en relevant la tête vers lui.

Et je faisais ce que je savais faire de mieux, repousser tous les gens qui désiraient m'aider. Parce que je ne voulais pas être aidé, je ne voulais pas être sauvé. C'était moi... Contre moi-même.