54 ~ Déraillement

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Charlie

Cet étrange sentiment de m'être fait prendre pour une conne me brulait de l'intérieur. Ales était là, face à moi, tendu, crispé. Les dents serrées, il me défiait pourtant dans ces iris je pouvais voir tout son être se remplir de doutes. Il posa sa fourchette sur la table, prit sa serviette et s'essuya le coin de la bouche pour finalement replanter ces yeux dans les miens.

—   On parle de quoi la ?

Son ton dédaigneux me donnait une furieuse envie de lui planter sa fourchette entre les deux yeux.

—   Que tu puisses penser que je suis une idiote c'est une chose, mais que tu puisses le croire ça fait de toi le plus gros idiot de cette planète.

J'avais posé mes deux coudes sur la table, et avancé mon visage pour être au plus prêt de cette petite baltringue.

—   Crache le morceau. Ajoutai-je virulente.

Il se racla la gorge, et dévia son regard vers la sortie, légèrement paniqué.

—   J'ai besoin de fumer.

Il posa ces deux mains sur la table et il entreprit de se lever mais c'était sans compter sur mon double psychopathe. Je m'emparai de son couteau et le plantai juste à côté d'un de ces doigts.

—   Maintenant tu t'assois et tu parles Stelleti sinon la prochaine fois, c'est ton doigt que je vise.

Il leva un sourcil en fixant le couteau planté dans le bois de la table, surpris, ou impressionné, je ne savais plus. Puis il se rassit, et pencha la tête en me dévisageant.

—   Menacer un mafieux qui a son flingue posé sur cette table, t'es vraiment sûre que tu n'es pas idiote Roy?

J'esquissai un léger sourire moqueur, je n'étais pas impressionnée, pas cette fois. Il ne me faisait pas peur. Et lorsqu'il s'en rendit lui aussi compte, son visage se ferma. Ces yeux se noircirent. Il n'avait pas le dessus, et il détestait ça. Je vis sa main glisser sur la cross de son arme, et il pencha de nouveau la tête en me dévorant du regard.

J'étouffai un petit rire puis je me remis droite. Je lui souris, insolente avant de reprendre la parole.

—   Tire, ou dis la vérité. Lachai-je hautaine.

Il me fusillait du regard, tous ces muscles étaient tendus. L'ambiance était pesante, pour lui et moi pourtant aucune autre personne ne se rendit compte de ce qui était en train de se passer. Deux anciens amants, qui se menaçaient de mort, se défiaient, se poussaient dans leur pires retranchements afin de voir qui de l'autre irait le plus loin. 

C'était l'effet qu'avait sur moi la colère, quand elle était trop grande. Je n'avais jamais su gérer mes émotions, elles prenaient pleine possession de moi, sans que je ne puisse rien contrôler. Et cette colère, elle avait tendance à me faire croire que j'étais intouchable, mais ce n'était pas le cas, et même si au plus profond de moi je le savais, ça ne m'empêchait pas de me mettre en danger peu importe les circonstances.

Je me sentais trahis, le mensonge, avec l'injustice étaient les deux choses que j'étais incapable de supporter, et surtout, incapable de pardonner.

Il sortit son portefeuille de sa poche de pantalon, tout en maintenant mon regard. Il posa un billet sur la table puis se leva. Ma respiration se coupa alors qu'il se plaça dans mon dos. Je tentai de ne rien laisser paraitre, malgré les battements de mon cœur qui accéléraient.

Lorsque je sentis son souffle chaud s'échouer sur la peau de mon cou, mon être tressaillit.

Il ne te fera jamais aucun mal Charlie, tu ne dois pas avoir peur.

Stelle T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant