Stelle T1

3 ~ L'interview

Charlie

Je finis de préparer les derniers tapas pour l'apéro de ce soir avec Juliette et Lia sa petite amie. J'étais rentrée depuis maintenant une heure environ, et je ne m'étais pas posée la moindre minute. Rangement et nettoyage de l'appartement, puis préparation de l'apéritif pour ce soir, tout était une bonne raison pour ne pas m'arrêter et laisser mon esprit divaguer comme il a temps l'habitude de faire. Plus j'étais occupée, plus j'évitais à mon cerveau de prendre trop de place, car c'était un peu ça mon problème, je pensais trop, je réfléchissais trop, et tout ça me prenait une énergie phénoménale, même sans le vouloir. Et là j'étais stressée, stressée de passer à la télévision pour la première fois, stressée de parler de ce sujet qui me tenait tant à cœur.

J'entendis la porte claquée, ce qui me sortit encore une fois de cet état second.

Merde, je m'étais arrêtée dans ma préparation sans m'en rendre compte.

—   Salut mon cœur ! Dit une voix grave, que je reconnaitrais parmi mille.

Notre chien Ninja me sentit de loin, et arriva déjà en courant vers moi, j'entendis ces pattes dérapées sur le carrelage de notre salon, ce qui me décrocha un sourire. Lorsque sa tête essoufflée apparrue dans mon champ de vision je me baissai pour l'accueillir et celui-ci ne se fit pas prier, il me sauta dessus, puis tenta en vain de me lécher, pour finalement se rabattre sur mes doigts qui venaient de lâcher le fromage que j'étais en train de présenter dans une assiette.
Ninja, était un petit bouledogue français noir et blanc de trois ans. Enfin, en réalité il possèdait trois taches noirs, deux sur chaque côté de son visage qui lui donnaient une allure de Batman, et la dernière se situait sur l'entièreté de sa petite queue. Il possèdait toutes les qualités et tous les défauts d'un bouledogue, il était gentil et affectueux, mais aussi hyper actif et super têtu. J'avais développé avec lui une relation hors du commun, j'en était consciente c'était surtout de l'hyper attachement. Mais il était arrivé dans ma vie, quelques semaines avant mon plus grand drame, et sans le savoir, il m'avait permis de garder la tête hors de l'eau. Lui et Charly, les deux amours de ma vie. C'était grâce à eux que j'avais réussi à me relever et à continuer à vivre normalement, malgré ma peine.

—   Salut toi, lui répondis-je lorsque Charly déposa un baiser sur mon front. Comment s'est passé ta journée, les travaux du magasin avancent bien ?

—   Oh... ça pourrait aller plus vite, mais tu connais les artisans. Je me bats constamment contre l'augmentation des prix, et ça en devient un peu fatigant, mais c'est le jeu je ne me plains pas.

Il s'arrêta soudain de parler, puis regarda de ces beaux yeux bruns la quantité de nourriture que j'avais préparé.

—   On attend une colonie de vacances ? Me questionna-t-il les sourcils froncés.

—   Hilarant, Juliette et Lia viennent manger à la maison pour mater l'interview à la télé avec nous.

—   Ah ! Je sais que Ju' aime la nourriture, mais à ce point-là il faut peut-être que l'on commence à s'inquiéter non ? Me charrie-t-il en me serrant contre lui. Bon, je vais prendre une douche avant qu'elles arrivent. Je t'aime.

—   Ouais dépêche parce que tu pues.

Il me pinça les hanches puis s'en alla en rigolant. J'aimais son rire. En fait j'aimais tout chez lui. Certes il avait ces défauts, comme tout le monde, parfois j'avais une envie folle de l'étriper, mais il était rassurant, drôle, et sacrément beau, alors ça m'aidait à me contrôler. On se voyait moins ces derniers temps, entre moi et ce projet qui me prenait toute mon énergie, et lui, ses deux magasins de ventes de cuisines et le troisième en construction, il était rarement à la maison et rentrait tard le soir, mais nous avions décidé tous les deux de laisser de la place à nos carrières respectives, alors c'était parfois compliqué, mais on savait pertinemment que ça payerait dans le futur.