Stelle T1

32 ~ Rouquine

Alessio

Elle était là. Droite, devant moi, pas vraiment sûre d'elle mais ces iris bleus me scrutaient sévèrement. Elle venait de pénétrée dans ma bulle, le seul endroit ou personne sauf mes conquêtes du jour y étaient autorisées. Elle se tenait au milieu de ce lieu sombre en accord avec toutes mes pensées. J'allais en faire qu'une bouchée, elle le savait, je le savais, mais elle ne bougea pas d'un centimètre. Elle venait m'affronter dans une bataille qui allait nous faire plus de mal que de bien. Malgré tout, même s'il n'y avait qu'un pourcent de bien, j'allais prendre le risque, parce que ce soir j'en avais besoin.
Je m'approchai, lentement d'elle, mes yeux toujours ancrés aux siens.

— Tu as tué une personne, et braqué ton ami, tout ça en une journée. Qui es-tu Alessio ?

La première balle me toucha en plein cœur et c'est elle qui l'avait tiré. Mais elle ne s'arrêta pas là.

— Tu m'as traité de pute devant toute ta famille. Je ne te reconnais plus.

Bienvenu dans mon monde beauté.

Son ton mêlait tristesse et amertume, et c'est ça qui me fit le plus mal. Elle pensait que j'avais changé, pourtant ce n'était que la partie de moi que je m'étais efforcé à lui cacher il y a quelques années. Rien n'avait bougé, sauf une chose. Depuis notre séparation j'avais tué, plusieurs hommes, et moi-même à chaque fois que j'appuyais sur la gâchette. Mais telle était la vie qui m'était donnée, j'étais né et élevé pour ça et elle venait de se le prendre en pleine face.

— C'était lui ou toi, je n'ai pas eu besoin de réfléchir longtemps.

Je lâchai ces mots en continuant mon ascension vers elle.

— Il ne m'aurait pas tué.

Arrivé à sa hauteur, un petit rire s'échappa de mes lèvres tandis que je posai mes doigts sur sa joue brulante. Elle tourna la tête en guise de refus, mais elle ne recula pas.

— Il l'aurait fait, sans aucune hésitation, comme il n'aurait pas hésité à abuser de toi si je n'étais pas arrivé. Si je devais recommencer je ferai la même chose. Charlie...

— NON ! Me coupa-t-elle. Répondre à la violence par la violence ce n'est pas ça la vie !

Elle me poussa brusquement, pourtant ces mains sur ma peau eurent l'effet d'une décharge électrique dans tout mon corps.

— Mais bordel ! Tu n'es pas dans ta petite vie paisible, tu es dans la mienne, et elle est sombre et souvent sanglante ! Ouvre les yeux ! Et si je devais arracher la langue à chaque homme qui se comporte comme ça avec toi, je le ferai, comme je l'ai fait pour lui ! Crachai-je à mon tour en balançant mon téléphone contre le mur à côté d'elle.

Téléphone : 0 – 2 : Alessio

Ses yeux s'arrondirent, et elle fit un pas en arrière, brusquée par mes mots cinglants. Tout ce que je voulais c'était la faire réagir, je voulais qu'elle comprenne qu'elle était en danger.

— C'est... C'était ça dans le paquet sur le bureau de ton père... ? Sa langue... ?

J'hochai la tête en fermant les yeux pour tenter de chasser ces images immondes de mon esprit. C'était notre marque, nous arrachions la langue de tous ceux qui s'attaquaient à notre business ou notre famille, pour l'envoyer à leur chef en guise de message.

— Tu l'as tué puis tu lui as arracher la langue ? Répéta-t-elle pour être sûre de bien assimiler. Bordel mais ou est-ce que je suis...

Elle s'attrapa les cheveux en se tordant dans tous les sens comme pour se réveiller d'un mauvais rêve. Pendant ce laps de temps je comblai la distance qu'elle nous avait imposé, mais elle me stoppa net de sa main sur mon torse.