57 ~ Mensonges

1.6K 48 35
                                    

Charlie

Nous étions rentrés sans encombre. Aucune voiture ne nous avait suivi, aucune personne ne nous avait accosté. Le chemin avait été douloureusement calme. Teddy, Sana, Eléa, Nino et moi étions installés sur la terrasse, attendant patiemment le retour des deux autres. Mon cerveau était embrouillé, une boule était venue se loger dans mon estomac à partir du moment ou je l'avais quitté des yeux, et elle ne faisait que grossir plus les minutes défilaient. J'étais muette, j'entendais sans écouter les conversations de mes quatre autres camarades qui tentaient de contenir leur stress pour ne pas me le refiler. Mais je le voyais bien, je savais bien comment l'être humain fonctionnait, j'étais comme ça. Je cachai mes propres émotions dès lors que je ne voulais pas que d'autres les ressentent. Ils jouaient à mon jeu, et j'étais bien meilleure qu'eux.

— Poussin ?

Teddy m'interpella, me sortant de mes pensées les plus sombres. Je relevais la tête vers lui sans dire un mot.

— Ton téléphone sonne. Ajouta-t-il en pointant l'appareil posé sur la table basse, du doigt.

Je jetai un coup d'œil.

Charly.

Ce n'était pas le moment, je n'étais pas assez bien dans ma tête, trop confuse pour l'affronter, pour lui mentir une fois de plus. Je rejetai l'appel avec un message instantané « Je suis occupée, je te rappelle plus tard. ». Je savais qu'il ne se poserait pas de question, ça m'arrivait souvent, et si c'était urgent il rappelait une deuxième fois. C'était un peu notre code à lui et moi, comme ça, nous étions sûrs de ne pas prendre trop de place dans la vie de l'autre, tout en sachant qu'en cas de besoin nous serions toujours là.

Ça c'est une relation saine Charlie.

Je me réinstallai contre le dossier de mon fauteuil, quand la porte de la chambre s'ouvrit. Nos regards à tous se braquèrent vers l'entrée. Atrax passa le seuil, et il referma la porte derrière lui. Mon cœur se serra, une violente nausée me brûla l'estomac.

Bordel.

Il s'approcha, et instantanément Nino prit la parole.

— Il est ou Ales ?

Atrax posa son regard sur lui, et nous sourit faiblement.

— Il... Il va bien, il devrait plus tarder, on était dans des voitures différentes.

Il arriva sur la terrasse, et je sentis que tous étaient soulagés. Teddy et Eléa reprirent leur conversation. Pourtant moi, mon angoisse ne partait pas, elle était toujours là. Je toisai l'homme à la cicatrice, tentant tant bien que mal de capter son regard, mais il me fuyait.

Les gens ont peur d'affronter les regards lorsqu'ils mentent. Il ment Charlie.

— Tu mens. Grondai-je en me levant pour lui faire face.

Il me regarda, en tirant une clope de son paquet, un sourcil haussé. Je ne savais pas comment Ales, ou même Teddy faisait pour le supporter. Son insolence constante me donnait une furieuse envie de lui en mettre une.

— OÙ. EST. ALES ?

Son visage se ferma. Il ancra ces yeux aux miens, avant de prononcer les paroles qui allaient me retourner un peu plus l'estomac.

— Je ne sais pas. Il m'a demandé de m'en aller après que vous soyez partis.

Mon sang ne fit qu'un tour, ma colère prit le dessus sur toutes mes autres émotions. Je le giflai si violemment que sa tête se tourna. Teddy se leva dans la foulée pour se mettre entre nous, mais Atrax lui fit signe de la main de ne pas s'approcher en se massant la joue. Mes larmes commencèrent à couler, Ales était seul, face à ce psychopathe, il n'avait personne avec lui pour l'aider, pour le protéger.

Stelle T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant