Stelle T1

37 ~ Course poursuite

Alessio

Nous roulions depuis une dizaine de minutes maintenant, et Charlie était déjà en train de bouder. Elle avait insisté pour conduire, et évidement moi j'avais refusé. Personne, mis à part moi, avait le droit de conduire ce bijou.

— Je te rappelle qu'on doit jouer au petit couple amoureux, alors si tu arrives là-bas en tirant la gueule...

Elle grogna, tout en se renfrognant un peu plus dans son siège.

— Tu ne me laisses jamais conduire.

— Tu sais ce qu'on dit sur les femmes au volant. La taquinai-je.

Elle tourna la tête dans ma direction, le regard noir.

— Va te faire foutre Stelleti.

— Plutôt que de dire d'aussi vilains mots avec cette bouche, tu devrais la mettre à profit pour d'autres choses toutes aussi vilaines.

Elle écarquilla les yeux et resta muette face à mon pic. Puis elle reposa son regard sur la route. Quelques minutes plus tard, elle se racla la gorge, se préparant à parler.

— Merci pour la robe, elle est très belle.

— Elle le serait encore plus en boule au pieds de mon lit. Mais de rien.

Alessio Stelleti, futur poète, le retour partie 2569.

Elle souffla, puis reposa ces yeux bleus sur moi.

— A quoi tu joues Ales ?

Je ne joue pas beauté, il est là le problème.

A mon tour de ne rien répondre, le fait qu'elle pensait que je jouais me prouvait qu'elle prenait ce qui se passait entre nous à la légère, un jeu, une porte de sortie face à sa petite vie un peu trop maussade.

— Pourquoi tu as accepté de venir ce soir ? Je croyais que tu ne voulais rien à voir à faire avec ce monde Roy.

Elle soupira, puis se recoiffa à l'aide du reflet sur l'écran de son téléphone.

— Je crois que ça m'amuse un peu.

Aie.

Ça l'amusait... C'est ce qu'elle venait de me balancer en pleine figure. Ces mots me faisaient l'effet d'une bombe en plein cœur. Elle jouait, depuis le début, avec ces actes, avec ces mots et avec moi. Mon sang ne fit qu'un tour, ma colère surgit sans que je ne puisse plus la contrôler, c'était trop violent pour moi.

Je freinai d'un coup sec, me mettant sur le bas-côté de la route. Son corps se vit propulser violemment vers le tableau de bord.

— Mais t'es fou tu veux nous tuer ou quoi ?!

Mon regard sombre la fit taire. Je vis ces yeux s'écarquiller et son visage se décomposer.

Il faut que je trouve un moyen de me calmer... Il faut que...

Nos iris s'accrochèrent, et sans réfléchir, mes lèvres fondirent sur les siennes étouffant son hoquet de surprise. Mes doigts s'enroulèrent autour de son cou déjà couvert par le tissus de la robe. Je la sentis se tendre, pourtant elle détacha sa ceinture et se redressa pour approfondir ce baiser animal.
Charlie Roy était ma drogue, ma dose d'adrénaline et ma morphine à la fois. Elle était la seule chose capable de me faire vriller et de me calmer quelques secondes plus tard.
Ma langues se faufila entre ces lèvres, qu'elle avait volontairement laissé entrouvertes, et la tension se fit insoutenable. Elle me poussa contre le siège, sans mettre fin à ce contact qui me tuait intérieurement. Machinalement, j'enclenchais la molette pour reculer le siège, et comme si elle avait compris ma demande, elle se positionna à califourchon au-dessus de moi.