Chapitre 7 : Une histoire d'enlèvement

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Nuit du samedi 7 au dimanche 8 décembre 2029 – Sproul State Forest – Domaine Larkmîr

Van fut conduit jusqu'au domaine Larkmîr dans la nuit noire de décembre, sous une lune presque pleine. Il fut tiré, forcé de suivre et de se taire, les mains toujours liées dans le dos et son sac sur la tête. Ses chaussures s'enfonçaient dans la terre humide, à un moment il entendit « attention », mais trébucha et manqua de tomber sur des marches. La poigne d'Edna le retint juste à temps. Il avança encore, des portes claquèrent.

— Je m'en occupe, dit une voix de femme, voyez avec Halfred pour l'argent.

Les poignes sur ses biceps se relâchèrent et il demeura debout, tel un panneau sur le bord d'une route. Des bruits de pas claquèrent le plancher et une main froide vint doucement retirer le sac de toile qu'il avait sur la tête. Il découvrit alors la plus belle femme du monde. Du moins, ce fut sa seule certitude quand il vit Hortense pour la première fois. Son visage pâle ne présentait aucun défaut, ses lèvres carmines dessinaient un sourire ensorcelant et ses cheveux d'ébène cascadaient voluptueusement sur son pull noir, dont le col roulé dissimulait sa gorge. La pointe de son nez était fine, délicate, comme une petite structure de porcelaine et il se souvint juste à temps qu'il ne devait surtout pas la regarder dans les yeux. Il n'avait qu'entrevu les deux iris rouges, luisants comme des gemmes.

— Pauvre garçon, souffla-t-elle en retirant le bâillon qui lui ceignait la bouche.

Il bougea sa mâchoire ankylosée avec soulagement, puis jeta un rapide coup d'œil autour de lui. Il était dans un magnifique hall dallé, grand comme une maison et s'élevant sur plusieurs mètres, jusqu'à d'immenses croisées d'ogive. Tout autour de la pièce se trouvaient des rambardes, probablement les étages supérieurs auquel on pouvait accéder par...

— Tu te demandes où tu es, n'est-ce pas Ayden ? demanda la vampire. Je suis désolée pour cette entrée en matière on ne peut plus indélicate. Te souviens-tu de moi ?

— Euh, non, répondit-il du tac au tac.

Elle sembla surprise. En général, les gens ne l'oubliaient pas.

— Je vois, dit-elle en dissimulant le fait qu'il l'avait vexée. Je m'appelle Hortense et tu te trouves chez moi. 

Elle le regarda, attendant sans doute une réaction de sa part, mais Van savait déjà où il était. Il réalisa alors que sa mission ne consistait pas uniquement en un crime, mais qu'il allait également devoir jouer un rôle.

— Ah oui, oh ! lâcha-t-il soudain. Je me demande où je suis.

Oh putain je suis trop nul, se blâma-t-il en s'infligeant une gifle mentale. Hortense plissa le regard, visiblement perplexe, mais passa outre, supposant que le garçon devait être particulier.

— Viens, nous allons discuter dans de meilleures conditions. Ne tente rien de stupide, ajouta-t-elle avec douceur. Je n'ai pas envie d'être... forcée de te tuer.

— Je ne ferai rien.

Elle sourit, passa derrière lui et détacha ses poignets. Hortense le guida ensuite vers un large escalier au bout du hall, grâce auquel ils accédèrent au troisième étage. Ici, tout était éteint et seule la lumière de la lune perçant les carreaux permettait d'éclairer les salles spectaculaires du palais. Il faisait également très froid, autant qu'à l'extérieur et Van se demanda si le château était chauffé, ne serait-ce qu'occasionnellement. Les bottes à talon de la femme claquaient le plancher et sa longue chevelure battait ses reins. Elle était totalement sereine à l'idée de lui tourner le dos et cette idée inquiéta grandement Van. Cette vampire devait être ancienne. Elle ouvrit une porte au fond d'un couloir, puis l'introduisit dans une petite chambre glaciale. Dans le mur en face de la porte, une fenêtre à carreaux donnait sur les jardins avalés par la nuit. Une cheminée à droite était située juste à côté d'un lit une place relativement large, installé dans l'angle et couvert d'une literie neuve, d'une grosse couverture, d'un plaide, d'un traversin, ainsi que de divers coussins. En dehors de ça, la chambre comportait une armoire, un fauteuil et une petite table d'appoint.

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