Chapitre 32 : Adieu

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Jeudi 19 décembre 2029 – Sproul State Forest – Domaine Larkmîr

— On se demande pourquoi Willbanks nous a tous envoyés, lâcha Stephan depuis sa position derrière la chapelle. Tuer un gamin, ça prend une seconde.

— Il est prudent, répondit Line dans son oreillette.

Sur ce, elle braqua son pistolet devant elle, main droite sur le cross, main gauche par-dessus et les poignets verrouillés, elle visa la tête de Van. Soudain, un bruit de feuilles secouées attira son attention et, levant la tête, elle aperçut Sam, son camarade juché dans un arbre, qui dégringolait en se heurtant aux branches. « Paf ! » Le corps s'échoua dans la terre.

— Vigie neutralisée, dit Elizabeth dans son talkie-walkie. À vos postes.

Dean sortit de sa cachette et se dirigea vers sa cible sans émettre un son. Line, alertée par la chute de son camarade, s'était redressée.

— Sam est à terre, dit-elle en portant une main à son oreillette.

Elle se retourna et eut juste le temps de voir une botte lui arriver dans la figure. Un choc douloureux heurta son nez, qui émit un craquement sinistre et elle tomba lourdement dans la pelouse. Line se redressa immédiatement mais Dean acheva le travail d'un coup de ranger dans la mâchoire et elle s'effondra, assommée.

— J'ai eu la fille, dit-il dans son talkie-walkie, sur la fréquence d'Elizabeth. Elle est plutôt mignonne, c'est dommage.

Derrière la chapelle, Stephan avait été pris de cours par Anna, qui l'avait assommé d'un grand coup de crosse dans la tempe.

— Type deux appréhendé.

Les Rippers avaient aisément repéré les traces de passage du groupe ennemi, en arrivant sur place. Ils avaient commencé par endormir leur chauffeur qui attendait dans sa camionnette, avaient neutralisé leur vigie à l'aide d'un pistolet à seringue hypodermique et placée Elizabeth à la supervision.

— OK, dit la rousse, la zone est claire. On va chercher Van.

— Vous avez vu leurs oreillettes ? s'indigna Alaric en se penchant sur le corps de Sam. Ils ont du meilleur matos que nous !

Dean et les autres désarmèrent leurs ennemis tout en paraphrasant à propos de la qualité de leur matériel, mais Anna ne les écoutait pas. Elle avait vu Van, assis sur les marches, le visage dans les mains. Un sentiment salvateur se répandit en elle, une joie si intense qu'elle en devenait douloureuse. L'inespéré. Le miracle.

— Je le savais, souffla-t-elle.

Sur ce, elle s'élança dans l'allée gravillonnée et courut vers Van sous le regard écarquillé du reste de l'équipe. Ils avaient beau l'avoir cru, le constater par eux-mêmes n'en n'était pas moins stupéfiant. C'était bien leur camarade blond et impertinent, leur frère, qui était assis à une vingtaine de mètres devant eux. Van, aveuglé par son supplice interne, mit du temps à percevoir le son d'une course dans les graviers. Il leva la tête et crut halluciner. Une émotion indéchiffrable l'envahit : le soulagement, la peine, l'incompréhension. Que faisait-elle là ? Anna arriva à sa hauteur, le visage écarquillé, elle gravit les marches. Son ami se leva lentement. Ils se jaugèrent, elle vit ses larmes, il les essuya d'un rapide revers de la main.

Les deux amis tombèrent dans les bras l'un de l'autre et s'étreignirent fermement.

— Je savais que j'allais te manquer, lui chuchota Van.

— Ils disaient que tu étais mort.

Elle recula, les mains sur ses épaules et l'observa de bas en haut. Van était bien là, vivant et humain.

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