Chapitre 18 : C'est oui ou bien c'est non (hier tu me voulais)

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Nuit du mercredi 11 au jeudi 12 décembre 2029 – Sproul State Forest - Domaine Larkmîr

Kadvael se contracta de surprise. Le désir lui prit le ventre tandis que les lèvres de Van se pressaient contre les siennes. S'efforçant de garder les idées claires, il saisit ses épaules entre ses mains larges et le repoussa doucement. Van leva vers lui un regard triste, où il vit passer l'éclat de la honte, avant qu'il ne se détourne. Ses cils étaient encore mouillés de larmes.

— Désolé, lâcha-t-il, son sourire déformé par le chagrin. Je ne sais pas ce qui m'a pris.

Le Maître Vampire n'avait jamais été plus confondu. La beauté de Van, sa labilité, ses sourires aguicheurs, ses yeux désespérés, tout lui secouait violemment l'âme.

— En même temps je peux comprendre, continua-t-il pour meubler le silence. Une espèce de gigolo taré vous crie dessus, vous pleure dessus et vous bave dessus... C'est un peu dégueulasse.

Son expression se déforma, comme s'il avait voulu garder son sourire mais que l'effort était trop vaste. Kadvael luttait contre l'urgence de l'attraper et de le serrer dans ses bras, de le garder dans sa chaleur, cet ange en verre brisé, pour qu'il n'ait plus jamais froid.

— Je ne suis pas dégouté, Van. Je suis désemparé.

Van lâcha un sourire satisfait, bien qu'il soit toujours complètement échevelé.

— Je vous ai fait perdre vos moyens... ? Moi ? Je suis flatté.

Kadvael fit un pas vers lui et l'attira doucement dans ses bras. La chaleur de l'étreinte étonna Van, puis son corps s'apaisa. Il se laissa aller contre le vampire et respira son odeur délicatement musquée. L'instant s'étira, sous l'éclat des lustres dorés, en plein cœur d'une nuit silencieuse. C'était étrange, mais ça expliquait pourquoi il ne l'avait pas tué. Le brun avait des arrière-pensées et Van n'allait pas s'en plaindre. Une beauté comme lui ? Quelle aubaine. Sa nature de vampire fut totalement mise de côté, lorsque ses mains s'aventurèrent le long des hanches de Kadvael, remontèrent sur ses côtes, redescendirent sur son ventre, cherchant la forme de son corps sous l'épaisseur du tissu. Le vampire le laissa faire quand soudain, une main ferme agrippa son entre-jambe et y appliqua une caresse brutale.

— Wow merde, gloussa Van, vous avez une énorme queue !

Kadvael retira sa main de là et lui retint le poignet.

— Van !

— Quoi ? (Il croisa son regard froid et son sourire s'évanouit.) Ce n'est pas ce que j'aurais dû faire ? Oh merde, ce n'est pas ce que vous vouliez. Je ne comprends pas... Vous ne voulez pas que je vous en taille une ?

Le visage de Kadvael s'affaissa complètement. La réaction de Van était hors-contexte et extrêmement inappropriée. Pour lui, l'amour était sacré et le sexe était l'une de ses formes d'expression, il n'en parlait jamais d'une façon aussi crue, ni ne le faisait sans tendresse. Non seulement il était embarrassé, mais la manière de faire de Van avait quelque chose de dérangeant. Il semblait reconnaître en lui une souillure et chercher une forme de dégradation.

— Enfin, je... (Il le relâcha, décontenancé.) Je n'avais aucune arrière-pensée.

— Alors pourquoi vous m'avez pris dans vos bras ?

— Tu pleurais, souffla-t-il, abasourdi. J'essayais de te consoler.

Van haussa un sourcil. La réponse la plus évidente apparaissait comme une aberration. Le consoler ? Ridicule. Il avait fait n'importe quoi, une fois de plus et méritait d'être puni, pas d'être consolé.

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