Chapitre 28 : Découverte Glaçante

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Nuit du lundi 16 au mardi 17 décembre 2029 – Sproul State Forest - Domaine Larkmîr

Dans le salon bleu des appartements du Maître Solvmorläs, les lustres avaient été allumés et une flambée chaleureuse crépitait au cœur de l'âtre. Une mélodie au piano s'échappait d'un tourne-disque en marche et une odeur de rose flottait dans l'air, diffusée par des bougies parfumées. Sur la table basse qui faisait face à l'âtre, reposaient les restes d'un copieux petit-déjeuner. Kadvael était assis sur le sofa avec la tête de Van sur ses genoux qui, les pieds croisés sur l'accoudoir, discutait en jouant avec les pans de sa chemise noire.

— Et puis le car nous a déposés dans un vieil entrepôt lugubre et on y a passé le reste de notre enfance, racontait-il. C'est là-bas qu'ils nous ont entrainés, tout ça. Et j'ai beau creuser je n'arrive pas à me souvenir de mon prénom. Je me souviens juste que les gardiens me tapaient sur les doigts quand je disais que c'était comme ça que je m'appelais. So... Sauna ? (Il sourit.) Non, ça ne peut pas être ça. Ce n'est pas le truc où on se fait masser ? Ou celui où les gens organisent des partouzes ? Je ne sais plus.

Plus Kadvael l'écoutait, plus il réalisait à quel point les Éveillés étaient une organisation sectaire. Les informations que Van avait du monde extérieur étaient totalement aléatoires.

— Il s'agit d'une cabine en bois que l'on chauffe à l'aide d'un poêle à bois, lui expliqua-t-il. Il y fait très chaud, entre soixante-dix et cent degrés.

— Cent degrés ?! Mais les gens survivent ?

Le vampire rit doucement.

— Oui, c'est de la chaleur sèche et on n'y reste jamais plus de vingt-minutes. Ça permet de se détendre.

— Les gens sont vraiment bizarres. Tu ne m'aurais pas dit que c'était pour se détendre, j'aurais parié que c'était une technique de torture. Tu faisais ça, toi, avant ?

— Ça m'est arrivé, une ou deux fois.

Van fit la moue, visiblement peu convaincu par la pratique, puis étendit les bras au-dessus de sa tête et s'étira de tout son long. Son t-shirt se souleva légèrement, révélant son nombril. Kadvael glissa la main dessous et caressa son ventre, le faisant frissonner.

— Je pensais... ce n'est pas très prudent, mais je crains que tu ne finisses par devenir fou, si je te garde enfermé ici. Que dirais-tu de sortir ?

Van haussa un sourcil surpris, puis dévoila l'un de ses sourires en coin dont lui seul avait le secret.

— Si mon bon Maître me le permet, gloussa-t-il. Où voulez-vous vous rendre ? Je suis tout ouïe.

Les établissements destinés aux vampires ouvraient la nuit et Kadvael s'était mis en tête d'acheter des vêtements à Van, las de le voir porter ceux d'Alassane où les quelques tenues identiques qu'il avait réunies pour Ayden Somedarme, quand l'objectif était encore d'user de ses dons pour sortir en plein jour. Cette première entreprise lui était complètement sortie de la tête, depuis qu'un chasseur blond et turbulent s'était immiscé dans ses draps. Van enfila l'amulette de métamorphose et tous deux gagnèrent l'extérieur.

*

Mardi 17 décembre 2029 - base des Éveillés - Phoenix ville

Anna n'en dormait plus. Depuis que Van avait disparu, car elle était persuadée qu'il n'était pas mort, elle ne voyait plus les Éveillés que sous un œil suspicieux et avide de vengeance. Il était évident pour elle qu'on avait volontairement envoyé son frère à l'abattoir. Des chasseurs qui nourrissaient des vampires ? Quel genre d'infamie était-ce ? Willbanks avait choisi son plus cher ami et l'avait offert en pâture à un monstre avide de sang. Ses équipiers semblaient s'en être accommodés du moins, ils dormaient lorsqu'elle fixait les lattes du lit au-dessus du sien, où ce crétin de Bud avait élu domicile. Cet escroc, cet ignorant qui volait la place de son frère. Ce soir-là, Willbanks l'avait convoquée dans son bureau. Elle n'ignorait pas que ses récentes incuries lui étaient remontées aux oreilles et que Blade commençait à se lasser de ses caprices, elle qui n'avait jamais fait de vague, jamais désobéi. Anna, le bon petit soldat, assez disciplinée pour être invisible. Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent sur les bureaux de l'administration, un open space en brun et noir, presque vide à cette heure tardive. Trois bourreaux de travail persistaient au-delàsde vingt-heures, la tête dans la paperasse, ils ne firent pas attention à Anna lorsqu'elle traversa l'allée centrale. Elle toqua contre le battant et Willbanks l'invita à entrer.

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