Chapitre 49 : Le nœud se dénoue

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Mardi 24 décembre 2029 – Sproul State Forest – Domaine Larkmîr

Van retourna dans le bureau où il s'était précipité pour sauver Kadvael. Il était entré ici avec une photo dans les mains, mais n'avait aucun souvenir de ce qu'il en avait fait. À partir du moment où le spectacle sordide des flammes avait accaparé ses yeux, le jeune homme n'avait plus pensé qu'à ça. Il balaya la salle du regard et fronça le nez. Une odeur de brûlé flottait dans le bureau, le tapis noirci avait été oublié sur le plancher. Van fit le chemin jusqu'à la fenêtre et aperçut le petit carré coloré qu'il recherchait, sur le sol, à demi dissimulé par le bas du rideau. Il s'en saisit et se dépêcha de rejoindre Kadvael.

— Je voulais te la ramener, lui dit-il quand il fut de retour dans la salle du piano. Je te cherchais, c'est pour ça que je suis arrivé à temps.

Sur ce, il s'assit sur les genoux de Kadvael, qui avait pris le temps de ses débarbouiller la figure et lui remit l'objet en question. Le brun l'observa longuement, sentant la nostalgie le gagner en voyant Sun souriante, dans sa robe de mariée. Sa poitrine se comprima. Il se souvenait de cette journée avec une netteté toute particulière. Le parfum de son épouse était un mélange de cassis et de poire, elle avait glissé des fleurs dans ses cheveux pour l'occasion. Il la voyait distinctement jeter ses bras en l'air, il entendait son cri de joie, l'éclat de son rire, le flash de l'appareil qui illuminait son visage. « T'es mon prisonnier à vie ! »

— Là, regarde.

L'index de Van se posa sur le papier glacé, le ramenant brutalement à la réalité. Il leva les yeux vers ce qu'on lui montrait et découvrit en arrière-plan un petit garçon en costume, blond comme les blés, qui regardait vers la droite.

— Tu sais qui c'est ?

— Je ne me souviens plus, lui répondit Kadvael. Sûrement le fils d'un ami ou d'un parent éloigné de Sun. Aucune idée, vraiment, je ne connaissais pas tout le monde.

— Mais il ne te rappelle pas quelqu'un ?

Kadvael tâcha de se concentrer et de mettre de côté le sentiment déroutant que provoquait en lui cette photo. Il observa le garçon plus longuement. Il avait une jolie tête, entre dix et douze ans, un air étrangement familier.

— Oui, maintenant que tu le dis... J'ai l'impression de le connaître.

— Alassane, lui dit Van, qui n'était pas patient. Il lui ressemble trop, tu ne trouves pas ?

Une impression dérangeante prit Kadvael. Se pouvait-il qu'il ait connu Alassane par le passé ? Dans ce cas, pourquoi ce dernier ne le lui avait-il jamais dit ? Hortense l'avait transformé vingt-ans en arrière et depuis, il s'était toujours montré évasif concernant sa vie humaine. Et pourquoi avoir parlé du meurtre des Ellis à Van ? Savait-il qu'il était leur fils ? Quelque chose de louche se tramait sous son toit et il devait en avoir le cœur net. Kadvael fit descendre Van de ses genoux puis se dirigea vers les appartements de dame Ismelir. Il toqua contre le battant et son amie vint lui ouvrir, vêtue d'une longue robe en velours noir. Malheureusement pour lui, Alassane n'était pas sur place.

— Il est parti ce matin, lui dit Hortense. Après l'incident, il ne se sentait pas très bien.

Les vampires les plus fortunés avaient des véhicules expressément prévus pour la conduite de jour. La banquette arrière n'avait pas de fenêtre et le conducteur était séparé du passager par un volet intérieur. Ce genre de voiture ne disposait pas de rétroviseur central, mais avait été légalement approuvé.

— Tu m'étonnes, grigna le brun. Il doit avoir quelque chose à se reprocher.

— Kadvael, il y a un problème ?

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