Chapitre 39 : Un lieu suspect

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Vendredi 20 décembre 2029 – Phoenix Ville

Kadvael et Éléonore se rendirent à Phoenix Ville par le biais d'un portail de translocation. C'était une ville de moyenne envergure, avec des rues larges, des bâtiments accolés et beaucoup d'arbres. En périphérie, ils retrouvèrent le lieu répondant à l'appellation « Phoenix Ville Security Training », que Google présentait comme un centre de formation pour vigiles, agents de sécurité, gardiens de nuit et gardes du corps. Excentré, le bâtiment de quatre étages était imposant et dissimulé derrière de hauts murs de sécurité. Des lumières éclairaient les fenêtres, Kadvael étendit son ouïe pour entendre ce qui se tramait à l'intérieur, mais à son grand désarroi, il ne perçut rien. En s'approchant du portail clos, il vit une caméra au-dessus du poste de contrôle.

— C'est très sécurisé, pour un centre de formation.

— Je ne te le fais pas dire, lui répondit Éléonore, tu vois la fresque en haut des murs ? C'est un sort d'électricité.

Kadvael fronça les sourcils. Il était sûr, à présent, que les lieux étaient une base de chasseurs. Lui et la mage s'approchèrent du poste de contrôle, dont la lumière blanche éclairait le bitume d'un halo pâle.

— Bonsoir, l'appela Kadvael.

Derrière la vitre, un homme en uniforme noir leva les yeux de son portable. Il les aperçut, une expression contrariée froissa son visage et il se pencha sur son micro.

— C'est pour quoi ?

Son regard méprisant se planta sur Kadvael, qui contracta les mâchoires.

— J'ai trouvé votre agence sur Google, lui expliqua-t-il. Je recherche des gardes pour mon domaine.

— C'est un centre réservé aux humains, cracha-t-il.

— Et pour moi ? demanda Éléonore. J'ai besoin d'un garde du corps.

Kadvael lui jeta un regard en coin en haussant un sourcil, l'air de dire « C'est un peu trop évident », mais la jeune femme ne se démonta pas et leur interlocuteur se renfrogna.

— Faut nous appeler sur les horaires d'ouverture, répondit-il sèchement. Moi je peux rien je suis vigile.

— Il n'y a pas de numéro d'indiqué.

— Si, si, il y en a un. Je peux rien faire moi, je suis vigile. Voyez ça avec l'administration. Demain, pas la nuit.

Le duo n'insista pas et quitta les lieux, non sans jeter derrière eux plusieurs regards méfiants. Une fois à bonne distance du bâtiment, ils continuèrent de marcher en échangeant tout bas.

— On a un centre de formation injoignable et surprotégé, déclara Éléonore, c'est plutôt suspect.

— Ce sont des chasseurs. Cet homme avait de la haine dans les yeux lorsqu'il m'a regardé. (Il souffla par le nez, déçu et un peu triste.) Van, je n'en reviens pas... il m'a assuré qu'il n'y retournerait pas.

— C'est un chasseur, répondit son amie en haussant les épaules. Il ne connait rien d'autre.

Kadvael soupira longuement, la mort dans l'âme. Ils avaient très probablement débusqué une planque de chasseurs et il était de leur devoir de les dénoncer aux autorités, avant qu'ils ne perpétuent d'autres meurtres à l'encontre des siens. Mais si Van était à l'intérieur... Ça signifiait qu'il serait condamné aussi. Kadvael réfléchissait à un moyen de le sauver quand soudain, son portable vibra dans sa poche. Il le sortit, vit qu' Hortense l'appelait et décrocha.

— Allô ?

— Je suis devant la télé, lui dit-elle sans ambages, je viens de voir quelque chose qui devrait t'intéresser. Il y a une ferme qui a brulé, entre Hepburnville et Elmira, aujourd'hui. Les autorités ont retrouvé les cadavres de huit personnes dans la grange, les habitants de la ferme ont aussi été tués, sauf le grand-père. Il se sera caché dans l'arrière-cour et dit avoir vu trois vans exploser la porte de la grange, que des gens en uniformes noirs se sont entre-tués et que ceux qui étaient encore en vie sont repartis avec les voitures. Il a aussi dit qu'ils portaient des arbalètes et qu'ils avaient jeté un jeune homme aux cheveux « blancs » dans leur coffre.

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