Chapitre 50: Confrontation

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Mercredi 25 décembre 2029 – Houserville – Base des Spell

Une atmosphère inquiétante régnait autour de la base des Spell, l'impression persistante d'être observé appuyait contre la nuque de Kadvael lorsque lui et ses amis se présentèrent devant le portail automatique. Dans la nuit noire, la villa illuminée irradiait d'un éclat chaleureux pourtant, le silence qui s'imposait et l'immobilité latente semblait porter une menace. Hortense renifla l'air, l'œil luisant et acéré.

— Alassane est passé ici, dit-elle, je le sens.

— Moi ce que je sens c'est une trentaine de lycans en colère prêts à nous cueillir, répondit Éléonore. On devrait revenir avec du monde.

La jeune mage ne pouvait pas ouvrir un portail de translocation pour une vingtaine de personnes, revenir avec des gardes et des serviteurs impliquait d'employer la méthode classique, donc d'attendre le lendemain, de partir à la nuit tombée et de faire des heures de route.

— On n'a pas le temps, lui répondit sa mère. La vie d'Alassane est en jeu et je refuse de laisser ce traitre mourir sans avoir eu ma réponse.

— Si c'est un traître il ne mérite pas qu'on risque notre vie pour lui.

Mais Hortense ne l'écouta pas. Sous l'intrépidité et la rancune, elle dissimulait son inquiétude. Elle ne pouvait pas cesser d'aimer sur commande.

— Ils ne nous tueront pas, tempéra Kadvael. Il y aurait trop de conséquences pour eux.

Avant de partir, le Maître Solvmorläs avait averti Jeffrey de leur destination et Hortense avait fait de même avec son propre domaine. Leur visite chez les lycans ne devait pas être un secret. Le clan des Spell, aussi furieux était-il, ne se risquerait pas à tuer des vampires de sang pur.

— Je te rappelle que ce Kyle Moreno a littéralement interrompu une exécution et s'est mis à dos, et les lycans, et les mages pour sauver son copain. M'étonnerait qu'il ait peur de se faire gronder par le Haut Conseil.

— Elle marque un point, fit remarquer Van.

— Je n'ai pas peur des louveteaux, rétorqua Hortense. Si vous craignez pour votre vie, attendez-moi ici ou rentrez.

Sur ce, elle fit un pas en avant et sonna à l'interphone. Un son significatif retentit puis, lentement, le portail automatique s'ouvrit, leur libérant l'accès à la villa. La longue allée pavée donnait directement sur une place dégagée qui précédait l'immense perron de la demeure blanche. Les lycans se tenaient là, debout devant la façade, formant un rassemblement silencieux qui patientait pour leur entrée. Hortense jeta un regard à Kadvael et, ne se démontant pas, marcha directement vers eux. Le Maître Solvmorläs se tourna vers Éléonore.

— Attends-nous-là et si ça tourne mal, emmène Van avec toi.

Elle obtempéra d'un signe de tête et le jeune chasseur sentit la panique monter. Il retint son amant par le bras.

— Attends, t'es sûr de toi ?

— Ça va aller.

— Je sais que mon vampire préféré à des trucs à prouver, plaisanta-t-il, mais ils sont nombreux, là.

Son sourire pâle, surmonté de deux yeux terrifiés, témoignait d'une inquiétude viscérale. Oui, Van aurait pu risquer sa vie, mais jamais il n'aurait risqué celle de Kadvael. Ne me laisse pas tout seul, suppliait-il intérieurement. Si le Maître Solvmorläs mourrait, il n'y survivrait pas. Ce dernier le considéra avec tristesse, car il ne pouvait se résigner à laisser Hortense avancer seule et il la connaissait suffisamment pour savoir qu'elle ne reculait jamais face à l'adversité. Sous son insensibilité patente, son cœur glacé vibrait encore et elle allait remuer ciel et terre pour récupérer son amant.

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