Chapitre 25 : La déchirante vérité

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Nuit du samedi 14 au dimanche 15 décembre 2029 – Sproul State Forest - Domaine Larkmîr

La voix de Kadvael couvait son cœur. Il se sentit immédiatement mieux, quand son odeur printanière trouva ses narines et il se laissa aller contre lui, la tête dans son cou. La question l'avait dérouté. Qui lui avait mis toutes ces idées en tête ? Tout le monde. Après tout, n'était-ce pas la vérité ? C'était ce qu'il pensait de lui, il l'avait constaté à maintes reprises.

— Personne, souffla-t-il. C'est la vérité, tu le vois bien.

Kadvael caressa ses cheveux doux.

— Ce n'est pas ce que je vois.

Une affliction toute neuve enfonça un pieu dans sa poitrine et la tristesse reflua. Van tordit une expression peinée, les yeux vagues. Il aurait voulu entendre ça plus tôt. Il se redressa et fixa un point droit devant lui, toujours assis sur les genoux de son amant.

— Je suis désolé Kadvael je... (Il lui jeta un regard désespéré.) Je ne comprends ce qui se passe... je ne sais pas ce que t'attends de moi. Pourquoi je suis là, sur toi. Je pensais que tu voulais me baiser et quand tu m'as dit que tu ne voulais pas, je n'ai pas compris. (Il déglutit.) Et je n'arrête pas de péter les plombs... Ça n'arrivait plus mais avec toi ça arrive tout le temps... Tu aurais dû te débarrasser de moi il y a un moment déjà et je n'arrête pas de me dire que si tu ne le fais pas, c'est parce que tu joues avec moi, tu sais... comme les chats qui jouent avec leur bouffe. Qu'est-ce que t'attends de moi ?

Cet élan de sincérité lui avait demandé énormément de courage. Van était rarement sérieux, pour ne pas dire qu'il ne l'était jamais, mais Kadvael semblait chambouler tout son système interne. Le vampire soupira.

— Ta question est tout à fait légitime. Malheureusement, je n'ai pas vraiment de réponse à te donner. Je suis comme toi, Van. J'ai le sentiment d'avoir été dépassé par les évènements. Mais si ça peut te rassurer, non, je ne joue pas avec toi.

— Mais je... te plais ?

La question était un murmure d'incertitude. Van l'avait posée, les tripes tordues d'appréhension, comme l'on demande une faveur que l'on s'apprête à se voir refuser. Sa vulnérabilité transfigura sa beauté, qui passa de sensuelle et prédatrice, à séraphique et inaltérée.

— Enfin, Van... je prends le risque de te garder ici envers et contre tout. Évidemment que tu me plais.

— Mais pourquoi ?

Il se tourna vers lui avec un air de pure incompréhension. Son honnêteté fendit le cœur de Kadvael en deux et son expression dut le trahir, car Van conclut :

— Oh non, t'as pitié de moi... Je fais pitié.

— Non, non, Van. (Il prit son visage et le tourna vers lui.) Van, je t'en prie, combien de fois vais-je devoir te le dire ? Tu me plais beaucoup et ça n'a rien à voir avec de la pitié. Je vois bien que tu souffres, évidement que ça me fait de la peine, mais ne pense pas que je te fais la charité. Je te porte en haute estime.

Van pouffa tristement. Les mots de Kadvael faisaient remonter toutes ses peines.

— T'as l'air tellement sincère. Comment tu peux balancer tout ça sans être mal à l'aise ?

— Les sentiments ne sont pas des choses dont il faudrait avoir honte.

Enhardi par ces paroles, le jeune chasseur se redressa un peu et lui adressa un sourire chagriné.

— Moi aussi tu me plais beaucoup, Kadvael.

Et il s'agissait sans doute des mots les plus difficiles qu'il n'avait jamais eu à prononcer. Le Maître Vampire dévoila un large sourire, où saillaient ses crocs et déposa un baiser sur ses lèvres chaudes. Ensuite, il passa ses bras autour de ses hanches pour le tenir contre lui.

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