Chapitre 17 : Arkivas de Morwenn PARTIE 1

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C'était si bête de ma part... Comment ai-je pu me montrer aussi imprudente ? Comment ai-je pu compromettre à ce point ma sécurité et celle de ma famille ? Au fond de moi, même si j'espérais de tout mon cœur le contraire, je savais que ce jour finirait par arriver. Mais pas comme cela ! J'ai été stupide.

                                                             Aurora de Trémel, Loup-garou


L'odeur. Elle était là, ténue, à peine identifiable, dissimulée derrière celle du Prince, et pourtant bien présente. Elle se glissait petit à petit dans la pièce, envahissant l'air ambiant et s'imprimant en lettres de feu dans l'esprit d'Aurora. Un filet de sueur coula le long du dos de la Loup-garou. Ce n'était pas possible ! Pas maintenant ! Toujours incapable de bouger ou de respirer, elle essayait désespérément de ne pas céder à la panique. Comment avait-elle pu passer à côté ? Comment avait-elle pu ne pas la remarquer ? Ce n'était pas possible ! Un léger courant d'air lui apporta une nouvelle bouffée du parfum tant redouté. 

IL n'était pas loin. Bouge. Bouge ! Mais ses muscles refusaient de lui obéir. Bouge ! Au prix d'un terrible effort, Aurora réussit à faire un pas en arrière. Son regard glissa vers la fenêtre. Au même moment elle entendit une cavalcade dans le couloir. Et l'odeur, toujours cette maudite odeur, soudain plus forte, qui progressait vers elle, qui était partout, qui L'annonçait, qui...

La porte s'ouvrit avec fracas et une dizaine de Créatures firent irruption dans la pièce. Elles encerclèrent aussitôt Aurora, profitant de son immobilité pour lui couper toute retraite. Prudentes, elles l'observèrent sans bouger, attendant une réaction de sa part. Alors, prise d'un accès de pure panique, la Loup-garou bondit en avant. Elle fonça sur les Créatures agglutinées devant l'entrée du bureau, força le passage en y mettant toute son énergie, déboula dans le couloir et partit comme une flèche. 

Des mains et des griffes tentèrent de l'agripper, des cris retentirent, mais elle n'y prit pas garde. Elle ne contrôlait plus rien, ne cherchait plus à réfléchir et ne se laissait plus guider que par une seule pensée : fuir, fuir vite, fuir longtemps et surtout fuir le plus loin possible de ce lieu maudit.

Repoussant avec férocité les Créatures qui tentaient de l'intercepter, elle se rua dans les escaliers. Terrorisée, elle accéléra encore, dévala les marches, tomba, se releva, reprit sa course. Au palier du deuxième étage, l'odeur devint intolérable et Aurora s'engouffra dans le premier couloir venu. Sa peur lui avait fait perdre la raison : elle ne savait plus où elle allait, et était incapable de se repérer. Luttant contre les larmes, elle traversa une pièce, une seconde, tomba sur un grand corridor, sentit enfin qu'elle s'éloignait, que l'odeur perdait en intensité. 

Elle avait réussi à distancer ses poursuivants, mais elle entendait toujours le bruit de leur course derrière elle. Lui redonnant une bouffée d'espoir, une fenêtre apparut dans son champ de vision, quelques mètres devant elle. Elle avait encore une chance ! Au moment où elle passait devant une intersection, une ombre la percuta de plein fouet.

Sous le choc, Aurora s'écrasa contre le mur et deux de ses côtes se brisèrent. Ignorant la douleur, la Loup-garou se releva d'un bond, feinta, esquiva son adversaire et se rua vers la fenêtre. Un hurlement de pure terreur s'échappa d'entre ses lèvres lorsque des bras puissants la stoppèrent dans sa course. Elle fut tirée en arrière et, pour la seconde fois, on la repoussa dans le couloir. Sa tête heurta la pierre avec violence et Aurora sentit ses jambes se dérober sous elle. Elle roula sur le sol, heurtant des Créatures au passage. Elle avait un goût de sang en bouche et ses oreilles bourdonnaient, la rendant sourde au monde extérieur. Pourtant elle réussit à se relever, chancelante, et tenta encore de fuir. 

AMBRÛME : Le sang des TrémelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant